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C’est aux abords de la cour, non pas tout à fait à la cour, mais dans la plus haute société : pour ainsi parler, dans une de ces petites cours où l’ancienne féodalité garde quelques-uns de ses privilèges sous l’autorité de la monarchie. Il y a plusieurs de ces petites cours : et elles ne sont pas toutes également dociles à la royauté. Certaines ont de l’impatience ; on le verra bientôt. Celle où grandit Marie-Madeleine de La Vergne, dominée par Richelieu, eut de l’hésitation par moments, lorsque l’ennemi de la féodalité, Richelieu, fut en difficultés avec la monarchie. Mais enfin, Richelieu et la monarchie s’étant identifiés, la société de Mme d’Aiguillon, Richelieu mort, est loyaliste à Mazarin. Ces gens sont au service du Roi. Et le service du Roi leur laisse du loisir. Ils mènent une vie élégante, mêlée de guerre et de plaisirs. Ils accueillent les beaux esprits, tiennent en honneur les poètes : Corneille a dédié le Cid à Mme de Combalet. Et nous avons aperçu Mlle de Rambouillet, Voiture, sans compter M. Le Pailleur. Il y a de la littérature autour de Marie-Madeleine de La Vergne. Elle, malheureusement, nous l’apercevons à peine. Ce n’est qu’une petite enfant. Elle a son devanteau dessus sa tête. Elle écarte le devanteau et voit de-ci de-là ce qui éveille sa curiosité non loin d’elle ; et elle, comme toute autre petite enfant, on ne la voit guère. Elle est cachée sous le devanteau ; elle est déguisée, un peu farouche et mystérieuse avec ingénuité.


M. de La Vergne fut mis en terre le 20 décembre 1649. Un an jour pour jour après cela, le 20 décembre 1650, Mme de La Vergne signait le contrat de son nouveau mariage avec le chevalier de Sévigné. Cette coïncidence de l’anniversaire et de la consolation franche, elle ne l’a ni recherchée ni évitée. C’est une étourdie : elle a distraitement célébré ce bout de l’an, voilà tout. Elle a une vive allure, allègrement désempêtrée. Un beau contrat de mariage ! Elle, la fiancée, amené à la signature vingt-cinq témoins : son frère, le seigneur de Saint Pons ; un oncle, Lazare Pena, seigneur de Moutiers ; et divers parents. Puis. Mme d’Aiguillon, la maréchale de Guébriant, le marquis de Richelieu ; dame Catherine d’Angennes, gouverneur de Mgr le duc de Valois ; et n’oublions pas messire Jacques Le Pailleur. Parmi les témoins du fiancé, l’un pique