Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE JEUNE FILLE
AU TEMPS DE LA FRONDE

MADEMOISELLE DE LA VERGNE
PLUS TARD MADAME DE LA FAYETTE

M. Le Pailleur est un charmant bonhomme qui, durant toute sa vie, baguenauda et qu’une de ses journées recommandé à la postérité. Un souvenir auguste consacre sa futile renommée : il a été ici-bas la deuxième personne informée du génie de Blaise Pascal. La première, ce fut M. Pascal le père, lequel s’aperçut que l’enfant inventait les mathématiques. Epouvanté, M. Pascal le père alla trouver M. Le Pailleur, son ami intime, et d’abord sembla interdit ; des larmes lui mouillaient les yeux. M. Le Pailleur le pria de ne lui pas celer plus longtemps la cause de son trouble : « Je ne pleure pas d’affliction, mais de joie… » répondit M. Pascal ; et il montra ce que son fils avait su faire. M. Le Pailleur en eut la plus grande surprise et dit qu’on ne devait plus « captiver cet esprit, » mais au contraire favoriser son vif élan. C’est ainsi que le petit Pascal obtint la liberté de son génie. Plus tard, au cours de sa querelle avec le Père Noël, jésuite, sur le sujet du vide, il adresse une longue lettre, et qui forme traité, à M. Le Pailleur. Et M. Pascal le père appelait M. Le-Pailleur « un de mes intimes amis depuis trente ans et plus, homme d’honneur, de doctrine et de vertu. »

M. Le Pailleur mérite ces compliments ; il en mérite d’autres.