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appuyant la vaillante 62e, la 38e division indigène se couvrit de gloire, — une fois de plus, — mériteraient d’arrêter ; le détail devra faire l’objet d’une étude spéciale. Si, ayant encore atteint d’un bel élan leurs objectifs, ces soldats durent se replier, ils avaient retenu sur notre front des troupes qui, portées vers l’Ouest, — où, nous le verrons, Debeney avait affaire à des forces écrasantes, — eussent peut-être mué en victoire l’échec que finalement les Allemands allaient essuyer. C’est dans ce dessein que le général Humbert prescrivait pour les jours suivants une défensive, mais une défensive « agressive, » — ce qui est de son tempérament, — destinée à « donner à l’ennemi l’impression qu’il est sous la menace imminente d’une attaque. » Mais celui-ci, à ce moment-là même, préparait sa suprême tentative de percement vers le Sud :


XVI. — LA SUPRÊME POUSSÉE ALLEMANDE VERS LE SUD

Dès sept heures du matin, le 30, après un violent bombardement, il attaquait vigoureusement sur tout le front Humbert.

Du côté de Pellé, on l’attendait de pied ferme. Depuis trois jours, du Mont Renaud au Piémont, on s’était fortifié sur les positions et quand, à neuf heures, le Mont Renaud fut attaqué, l’ennemi y fut reçu par l’infatigable 57e de ligne de telle façon qu’il dut se retirer, laissant des prisonniers et, sur les pentes, une belle jonchée de cadavres. Le général Gamelin, que je verrai toujours revenant ce jour-là du combat tout fumant encore d’ardeur satisfaite, avait le droit d’en montrer quelque orgueil, — après ces huit jours de lutte.

Mais le général d’Ambly fut cependant le héros de la journée. Chargé de la défense du Piémont et du parc de Plessis-de-Roye et encore qu’il se sût menacé, il n’avait pas hésité à détacher spontanément de sa77edes troupes pour étayer la 62e fortement assaillie, nous le verrons, vers Orvillers-Sorel, à sa gauche. Cependant lui-même était attaqué violemment : les Allemands, après une lutte héroïque dont les péripéties seront, je l’espère, contées dans leur détail, parvenaient à s’emparer, sur le 97e d’infanterie, du château et du parc de Plessis-de-Roye, grave menace sur le flanc gauche du Piémont. En même temps, les Allemands attaquaient à l’Est du Piémont où le général Guillemin, commandant la 53e division, supportait avec