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flamande est la dernière carte que joueraient les délégués du Kaiser au Congrès de la paix, pour y faire sanctionner quelques-uns des actes perpétrés en Belgique et ne pas perdre complètement la partie aux yeux mêmes des Allemands. Je ne saurais trop répéter à ce propos ce que j’ai dit de notre neutralité : abandonner ces questions à la décision des Puissances, ce serait conférer à notre envahissante voisine le droit de s’immiscer dans notre vie intérieure ; elle y viendrait sans cesse surveiller les intérêts du germanisme. La question flamande ne concerne pas les étrangers ; elle est une affaire de ménage exclusivement belge. Elle ne peut être résolue que par la souveraineté nationale. Elle le sera au moyen d’un accord patriotique des partis et par le vouloir mutuel des Flamands et des Wallons, décidés à enterrer ce sujet de discordes. Nous repousserions fermement toute immixtion étrangère, — même si elle prenait, pour se faire écouter, le langage bienveillant d’un Congrès international où nous compterions certes beaucoup d’amis, — comme une atteinte à la souveraineté de la Belgique et à son indépendance, qui doivent rester entières vis-à-vis de tous.

Mais il faudra en finir le plus tôt possible avec les revendications de l’activisme, arracher ce dard empoisonné que l’occupation allemande aura laissé dans notre flanc, et du même coup résoudre une fois pour toutes le problème flamand. Il n’est pas de ceux dont on retarde impunément la solution. Il exige d’être étudié à l’avance, — et déjà une Commission a été instituée à cet effet, — pour pouvoir être inscrit à l’ordre du jour de la rentrée, si l’on ne veut pas que les esprits les plus patients et les plus calmes ne finissent par s’aigrir et s’exaspérer.

On méconnaîtrait, par des hésitations dangereuses, l’attitude magnifique de la plupart des Flamands en pays occupé et leur dévouement à l’union nationale. On semblerait ne pas tenir compte du sang que les soldats flamands ont prodigué, tandis qu’ils formaient plus des trois quarts de l’armée de l’Yser. Lorsqu’on Belgique les chefs les plus écoutés et les plus respectés des associations flamandes ont flétri l’activisme, ils n’entendaient renoncer a aucun article de leur programme. Mais, patriotes avant tout, ils en ont suspendu l’exécution devant l’ennemi, en attendant le grand jour de la délivrance.

La question flamande est le terrain où l’union sacrée des partis, que chacun de nous appelle de tous ses vœux, aura une