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« Vous êtes trop bonne de vous occuper de nous. Nous tombons sur vous à l’improviste, mais ne vous gênez en rien. »

Ce voyage à Nohant fut remis au mois de septembre[1]… « Je suis fâchée que vous ne soyez pas venu, écrit la Reine, je vous attendais tous les jours. Enfin j’espère que ce qui est différé n’est pas perdu. J’ai beaucoup de choses à vous dire qui seraient trop longues par écrit. Je n’ai pas reçu de nouvelles de Christine… Portez-vous bien malgré tous vos ennuis, et venez vous reposer un peu ici. »

Comme elle lui a glissé aussi ces mots : « Je ne me sens pos en bonne odeur à la Revue, » F. Buloz lui répond tout de suite[2] :

« Ne croyez pas davantage ce qu’on vous dit des prétendues mauvaises dispositions de la Revue, vous serez toujours, tant que vous le voudrez, notre Reine ; chacun y accepte votre royauté, mais il y a beaucoup de petites envies et de petites rancunes, qui feront tous leurs efforts pour vous convaincre du contraire. J’espère prochainement ne vous laisser aucun doute à cet égard[3]. »


Le drame que George Sand avait écrit et que F. Buloz était allé réclamer à Nohant, — Cosima[4], — le Théâtre-Français, on octobre, se préparait à le jouer. Le choix de Mlle Mars pour le rôle de Cosima effraie le Commissaire Royal… il redoute l’âge de Mlle Mars[5]. Le rôle est écrasant : comment le supportera-t-elle ? Il préférerait Mlle Plessy qui a dix-huit ans. Cependant George Sand est toujours dans le Berri. F. Buloz lui écrit, le 1er octobre :

  1. « J’ai oublié de te dire écrivit Mme F. Buloz à sa sœur, Mme R. Combe, que j’ai été voir Mme Sand à Nohan (sic) et qu’il faut encore que tu ajoutes à mes tours de force 32 lieues faites en patache en 30 heures, c’est-à-dire que nous sommes partis de la Brosse (propriété Bonnaire) le mardi à cinq heures du matin, que nous sommes arrivés à Nohan à cinq heures du soir et que nous sommes repartis dudit Nohan le lendemain à deux heures pour arriver à onze heures du soir à la Brosse. » (Inédite.)
  2. 5 août. Inédite.
  3. Collection S. de Lovenjoul. Inédite.
  4. C’était le nom de la fille aînée de Liszt que George Sand avait donné à son héroïne : elle épousa Wagner.
  5. Mlle Mars avait soixante ans à cette époque.