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passer dans son prochain numéro, car il faudrait bien que la livraison de Mauprat daignât paraître

«… Dites-lui cela de ma part, chère enfant ; je suis fâchée d’avoir à faire passer mes grogneries par votre jolie bouche, d’autant plus qu’elles s’y changent en miel, et que Buloz ne les trouvera pas aussi mauvaises que je le voudrais.

« Je suis heureuse de votre bonheur, de la belle santé et de la jolie mine de votre moutard. Je vous promets de l’aimer et de le gâter comme vous avez gâté Maurice, et cela autant par reconnaissance pour vous, que par amour naturel pour les mioches. Les miens se portent bien, Solange est toujours superbe au moral et au physique. Maurice est rétabli, mais pas fort en latin et en gymnastique, toujours charmant pour moi.

« Moi, j’ai toujours mal alternativement au foie et au cœur. Je compte ne pas faire de vieux os. Que Buloz tâche donc de me faire mousser pendant ma vie, afin que je sois célèbre après ma mort. J’espère que Planche ne me refusera pas une oraison funèbre, ornée de textes grecs et de citations latines. Dites à Buloz que l’article sur les Voix intérieures[1]est très beau, admirablement écrit et raisonné, mais trop absolu.

« Soyez souvent, chère Christine, la secrétaire-rédacteur de votre illustre époux, quand il aura à m’écrire. Donnez-moi de vos nouvelles, rétablissez bien votre santé, aimez bien votre enfant, et vivez en joie.

« Aimez-moi un peu, je vous aimerai beaucoup. Aimez votre enfant passionnément et Buloz pas du tout.

« A vous de cœur.

« GEORGE[2]. »


Le 1er août suivant, F. Buloz annonce à l’auteur :

« Mauprat paraîtra donc lundi ; je vous enverrai vos exemplaires avec le Plutarque que vous m’avez demandé.

« J’ai décidé Planche à faire deux feuilles sur tous vos ouvrages, mais ça ne sera pas une oraison funèbre, car vous vivrez plus longtemps que nous, je l’espère, et votre affection de foie ne sera rien.

» Je sais qu’on vous avait conseillé les eaux pour cela ;

  1. Les Voix intérieures, par Victor Hugo, article de Gustave Planche dans la Revue du 15 juillet 1837.
  2. Inédite.