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reste, son article est charmant, mais j’ai un peu souffert en le voyant succéder à de si grands éloges de M. Quinet. Ce livre d’Alfred a-t-il enfin le succès qu’il mérite ?

« Adieu, mon vieux Buloz. Je suis toujours à la Châtre, où je m’amuse beaucoup, mais je voudrais mes enfants, — j’en ai soif.

« En faites-vous ? en désirez-vous ? Il n’y a que cette passion-là dans la vie qui ne soit pas sujette à vicissitude, mais je ne sais pas si les hommes la connaissent[1]. »

Enfin, le fameux procès est plaidé et les tribunaux, dit George, lui ont accordé la victoire. Elle l’écrit à ses amis, elle l’écrit à Liszt, à la Comtesse, à Guéroult, aussi à sa nouvelle amie « Margarita, » Mme François Buloz :


A MADAME F. BULOZ

« Ma chère Christine, je vous embrasse et vous remercie de votre aimable souvenir. Mon procès est plaidé et gagné. Mon vieil ami Michel[2]a été admirable. Mon agréable ennemi, M. D…[3], a été penaud. J’ai de nouveau la garde de mes deux enfants, sans l’avoir demandée, car, vu son insistance, je n’espérais pas tant obtenir. Je ne sais si j’aurai autant de succès à Bourges, où il va faire sans doute appel. Dans tous les cas, mon procès est imperdable, et j’espère en être quitte dans trois mois Alors on pourra publier Engelwald, et nous verrons à le mettre sous presse quelques semaines à l’avance.

« Priez Buloz de publier Simon, Léoni et André ou Jacques, si bon lui semble, je n’y ferai pas de correction, mais qu’il n’aille pas débuter par le Secrétaire intime, qui est ce que j’ai fait de plus plat. Je ne suis même pas décidée à le publier. Je compte faire une fin, et des changements conséquents à l’infâme Lelia que je considère comme ma meilleure ouvrage

« Dans le moment présent j’ai besoin d’une publication qui n’indispose par le public, à cause de mon procès. André et Simon feraient bien. Je ne vois pas que mon portrait soit nécessaire à la première livraison.

« Dites donc à votre cher époux de se dépêcher. Je ne le

  1. Inédite, 23 février 1836.
  2. M Michel de Bourges.
  3. M. Dudevant son mari.