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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




« Nous allons assister ces jours-ci à de grands événement, » écrivait le général von Ardenne dans le Berliner Tageblatt du 11 avril. Il est à supposer que « ces jours-ci » devaient être compris dans la plus prochaine quinzaine, et nous avons en effet assisté à quelques événemens, mais qui n’ont pas été très grands. S’ils ne l’ont pas été, on peut croire encore que c’est contrairement à la volonté, aux désirs, aux efforts des Allemands. Leur état-major s’en promettait et en avait préparé d’autres. Le maréchal sir Douglas Haig, dans une proclamation à ses troupes, définissait ainsi les desseins de l’ennemi, qu’il avait, à dire d’expert, parfaitement pénétrés : « S’emparer de la côte du canal de la Manche, et séparer l’armée anglaise de l’armée française. On veut l’annulation totale de la première, suivie d’un blocus direct et immédiat de l’Angleterre et de l’Irlande. Pour cela, on n’hésite pas à jeter bataillons sur bataillons sur un front étendu et à marcher d’un côté vers la Belgique, de l’autre vers Amiens. » Ce double objectif géographique, les ports du Pas-de-Calais, Amiens, cet objectif stratégique plus considérable encore, séparer les armées alliées, mettre hors de cause l’armée anglaise, Ludendorff a beau gonfler ses bulletins de victoire, il ne se vante pas de les avoir atteints. Seulement il fait donner par ses officieux une explication à la fois commode, optimiste et flatteuse, une de ces explications dont un général qui sait son métier et sa langue ne se trouve jamais à court après une affaire manquée. Comment son plan aurait-il échoué, puisque, précisément, la supériorité du Haut Commandement allemand, la marque de son génie, est de ne point avoir de plan ? Avec un but permanent, il n’a que des « moyens provisoires. » Le but, assurent les critiques militaires des journaux d’Outre-Rhin, apparaît peu à