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1870, cette indépendance était très large, et les Allemands s’en sont très mal trouvés. Ils avaient donc tendu à la réduire ; ils paraissent revenir maintenant à l’ancien système ; en fait, dans l’offensive d’Italie, on avait vu les petites unités, par un système très souple, se porter pendant la poursuite sur le point où elles menaçaient les flancs de l’ennemi, et changer sans cesse de direction. Les Allemands ont cherché à appliquer les mêmes principes dans la bataille actuelle. Pendant tout le temps de la poursuite, les unités qui trouvaient devant elles un point faible, une lacune dans le front britannique, l’indiquaient par des fusées, et aussitôt les unités voisines convergeaient d’elles-mêmes pour forcer ce point faible.

Quant au haut commandement, poursuit le document, c’est-à-dire quant aux chefs des divisions, des groupes et des armées, leur rôle consiste surtout à administrer l’économie des forces et l’emploi des réserves. La règle qu’ils doivent suivre est de ne pas jeter ces réserves sur les centres de résistance et sur les points forts de l’ennemi, autrement dit de ne pas renforcer l’attaque là où elle est arrêtée. C’est au contraire-dans les secteurs où elle est encore en mouvement que les renforts doivent lui être envoyés, de façon à aider son progrès et à tourner ainsi les centres de résistance. Cette règle ne fait que répéter celles qui avaient été posées dès le printemps de 1915 par l’Etat-major français pour les batailles d’assaut. L’instruction insiste sur l’art d’engager les réserves au moment opportun. Ces réserves étant un véritable instrument de propulsion, il ne faut pas les engager trop tôt, ce qui risquerait d’arrêter l’attaque avant que la rupture soit faite (les premières instructions du maréchal Joffre en 1914 signalent ce défaut chez les Français) ; d’autre part, il faut les avoir toujours sous la main, de façon à empêcher un revers ou à exploiter un succès. Dans le même esprit, les états-majors doivent être avancés. Tous, même ceux des corps, seront sur le champ de bataille.

Le troisième principe rappelé par l’instruction est que le succès de toute rupture dépend de l’avance opportune de l’artillerie lourde et légère, ainsi que des minenwerfer légers. En fait, l’artillerie a marché avec les troupes. Enfin le quatrième principe n’est qu’un rappel de ce que nous avons vu dans le second : à savoir que l’artillerie doit par ses barrages préparer le chemin à l’infanterie après que celle-ci a pénétré