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ne faut certes pas faire fi, — gagné que peu de chose si, dans quelques semaines, aucune trace ne subsistait du brillant coup de main dont nous étudions les résultats.

Par tous les moyens possibles, viens-je de dire… Mais lesquels ?

Si l’on admet, — et c’est l’évidence même, — que le meilleur moyen reste le bombardement de l’avant-port, à la condition classique que le bombardement soit intense et continu, on est conduit à se demander si les Alliés sont, à cet effet, outillés d’une manière suffisante. J’ignore et je veux ignorer le nombre de monitors dont les Anglais disposent et auxquels, sans doute, pourraient se joindre des monitors américains. Soyons assurés du moins qu’il n’y en a pas assez. Je n’ai pas cessé, depuis trois ans, de dire que la guerre maritime se résoudrait en guerre de côtes et qu’il fallait créer le matériel indispensable à la poursuite de celle-ci. Je serais surpris d’avoir été écouté. Mais il en est temps encore, sinon pour la suite immédiate du coup de main de Zeebrugge, du moins pour les opérations que ce beau début permet de prévoir. Tant y a qu’on peut toujours user jusqu’à la dernière limite de ce que l’on a, sauf à organiser des ravitaillemens à la mer, en munitions et en combustible.

Enfin il faut multiplier le nombre des appareils aériens agissant d’ordinaire sur cette côte des Flandres. Certains organes de la presse quotidienne répètent constamment : « Des avions ! des avions !… » L’objurgation est pressante, mais le conseil est bon. Ne nous lassons pas de répéter qu’on n’en aura jamais assez, de ces précieux engins de tir vertical pour mettre à mal les canons de côte des Allemands.

Ce n’est pas encore tout, et puisque l’occasion s’en présente ici, je prends la liberté de faire une suggestion que je crois nouvelle, encore qu’elle me hante depuis longtemps, s’appuyant sur les souvenirs de l’époque où, commandant la défense mobile maritime de Dunkerque, je proposais de compléter la défense de ce grand port, en élevant un fort en mer sur l’un des bancs qui « découvrent » normalement à mer basse, à 2 000 ou 3 000 mètres de son front fortifié.

De quoi s’agit-il, en regardant de haut les opérations à entreprendre sur cette côte des Flandres ?

Il s’agit d’un siège régulier, du siège d’une place qui se réduit à une longue courtine de 50 kilomètres. Cette courtine