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donner, par la raison que cette Notice n’est qu’une sorte de sommaire de la Biographie de mon frère que j’ai écrite en 400 pages, et que je publierai un jour avec pièces à l’appui.

« Lorsque j’ai dit que, après la publication du second volume de vers de mon frère, vous lui aviez demandé sa collaboration pour la Revue des Deux Mondes, j’ai raconté la chose d’une manière abrégée, mais non inexacte, et je connais les détails de vos premières relations avec mon frère- : ils se trouveront ailleurs que dans cette courte notice[1].

« Sur les rapports de mon frère et du Duc d’Orléans, je n’ai rien à apprendre. J’en connais les moindres détails, et j’ai en ma possession des lettres très curieuses de ce prince, qui seront publiées un jour.

« Vous m’avez raconté, vous-même, plusieurs fois, comment vous aviez fait donner à mon frère la bibliothèque du ministère de l’Intérieur. Je n’ai point oublié le mot de M. de Montalivet, qui ne connaissait d’Alfred de Musset en 1838 que le point sur un i et qui craignait de se compromettre en donnant la bibliothèque de son ministère à l’auteur de la ballade à la lune. Si vous trouvez que j’ai eu tort de ne point insérer ces détails dans ma Notice, publiez-les dans la Revue, je serai bien aise de les y voir[2].

« Vous me dites que mon frère avait, dans la personne du Duc d’Orléans, un protecteur puissant, cela est vrai ; mais ce protecteur n’a jamais fait autre chose pour lui que de vous aider à lui faire obtenir sa place de bibliothécaire, et à surmonter la répugnance de M. de Montalivet. Je n’en fais pas un reproche au prince, qui avait beaucoup d’amitié pour mon frère, et qui, d’ailleurs, ne m’a jamais refusé les petites recommandations ou apostilles dont il a eu besoin.

« Il reste l’affaire de M. Charpentier. Je conviens que, sur ce point, mes renseignemens étaient incomplets. J’ignorais que vous eussiez suggéré à cet éditeur l’idée d’aller trouver mon frère…

« Quant aux grands désespoirs de mon frère auxquels vous semblez ne pas croire[3], ils sont si réels que j’ai en ma

  1. P. de Musset ne devait pas les connaître, car il ne les a publiés nulle part.
  2. Voyez dans la lettre suivante de F. Buloz comment il nie ce fait.
  3. F. Buloz. — voyez la lettre précédente, — ne met pas en doute les grands désespoirs de Musset : il dit qu’il doute que d’autres aient réussi à le sauver du désespoir : P. de Musset avait-il lu la lettre de F. Buloz ? S’il l’avait lue, comment se fait-il qu’il change les termes ?