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Les pertes allemandes sont calculées d’après les listes publiées par l’ennemi lui-même : du 1er juillet au 15 septembre, il a engagé 600 bataillons ; 517 seulement figurent sur ces listes ; de plus, le nombre des blessés, que l’expérience fixe à 4 pour 1 mort, y est certainement trop faible ; enfin les hommes morts de maladie ne figurent pas.

Prenons cependant pour base le nombre des morts avoués. Du 1er juillet au 15 septembre, l’ennemi avoue 85 521 tués ou disparus, et 13 921 prisonniers. Le chiffre vrai des prisonniers est de 55 800, soit 41 879 de plus que l’ennemi n’en avoue. Ces 41 879 doivent être comptés sur les 85 521 tués ou disparus. Restent donc 43 642 morts authentiques.

Ce nombre de morts, multiplié par quatre, donne le nombre des blessés ; soit 174 568. Le total des morts (43 642), blessés (174 568) et prisonniers (55 000) donne le chiffre des pertes figurant aux listes ennemies, soit 274 010 hommes, pour 517 bataillons. Extrapolons pour avoir le chiffre des pertes dès 600 bataillons, réellement engagés, soit environ un sixième en plus, ou 319 680 hommes.

Voilà les pertes avouées jusqu’à la mi-septembre. Depuis lors, d’autres listes ont étendu nos connaissances jusqu’à la fin du mois. Sur le front britannique 330 bataillons engagés une fois ont perdu 45 pour 100 de leur effectif, soit 140 722 hommes ; 14 divisions engagées également une fois ont perdu 50 pour 100 ; 4 divisions engagées deux fois ont perdu plus de 60 pour 100 ; 34 bataillons, au mois de décembre, n’avaient pas encore publié leurs pertes. Sur le front français, 326 bataillons ont perdu 45 pour 100, soit 139 388 hommes ; 10 divisions engagées une fois ont perdu 50 pour 100 ; 3 divisions engagées deux fois ont perdu plus de 60 pour 100 ; 39 bataillons en décembre n’avaient pas publié leurs pertes.

Ces chiffres avoués sont déjà effrayans. Ils font pour les trois premiers mois 330 000 hommes. Certaines unités ont été presque anéanties. En trois semaines, du 20 août au 7 septembre, la 18e division a perdu 8 443 hommes ; en un mois, du 6 septembre au 1er octobre, la 11e division a perdu 8 498 hommes. En deux séjours, le 26e régiment (7e division) a presque perdu la totalité de son effectif, 2 975 hommes. En extrapolant des trois premiers mois aux deux derniers, on arrive, au 1er décembre, à une perte avouée de 550 000 hommes. En