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le village il y avait deux tranchées très fortes, où deux vagues anglaises se brisèrent. La troisième les emporta et arriva aux lisières à six heures du soir. La prise du village n’était pas prévue pour ce jour-là ; mais les hommes demandèrent à l’attaquer, et, à huit heures du soir, Courcelette était pris.

Enfin, le 18, à l’extrême droite, un ouvrage nommé le Quadrilatère, établi sur la route de Ginchy à Morval et qui interdisait l’avance vers ce dernier village, cédait à son tour.

Le combat du 15 septembre, donnant à l’armée britannique trois villages et un progrès de 2 kilomètres sur un front de 10, réalise le plus grand progrès qui ait été fait en un seul jour dans tout le cours de la bataille. Il donna à lui seul 4 000 prisonniers, dont 127 officiers.

Ainsi la 6e armée française, au centre de la ligne de bataille, avait attaqué le 12 ; la 4e armée britannique, à sa gauche, avait attaqué le 15 ; la 10e armée française, formant l’aile droite du dispositif, attaqua à son tour le 17. Nous avons vu qu’elle formait autour des positions allemandes, de Berny à Chaulnes, une équerre qui les enveloppait. Les Français enlevèrent par leur aile droite Vermandovillers, village qui jusqu’ici était partagé entre les deux adversaires ; par leur aile gauche, ils enlevèrent Berny. Ils se rendaient ainsi maîtres de deux têtes de vallon importantes qui descendent à l’Est et au Sud-Est, tandis qu’ils cernaient le plateau intermédiaire.

Le 20, l’ennemi monta une grande contre-attaque sur le saillant que la 6e armée faisait à la suite de ses progrès du 12 et du 13. Ce saillant avait trois faces : l’une à gauche, regardant le Nord-Est, de Combles à Rancourt ; la seconde au centre, regardant au Sud-Est, de Bouchavesnes à la Somme par la cote 76. Depuis le 13, l’ennemi avait porté ses efforts sur la face droite, par où il pouvait espérer, de grands résultats, et couper le saillant aux racines. N’obtenant rien, il attaqua le 20 sur le centre du saillant, où l’œuvre était plus facile. En effet, tandis que les Français, sur cette ligne avancée, n’avaient pas de flanquement, les Allemands pouvaient les tirer du Nord (bois de Saint-Pierre-Vaast) et du Sud (mont Saint-Quentin), en même temps qu’ils les attaquaient de l’Est. Cette disposition concentrique des feux ennemis était encore favorisée par la disposition des hauteurs. En effet, les positions allemandes formaient autour des Français un véritable demi-cercle de