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réussi à s’établir par leur centre dans la deuxième position allemande, sur le grand plateau de partage, depuis Pozières jusqu’au bois des Foureaux, quoique celui-ci ne fût pas entièrement en leur possession. D’autre part, l’équerre que formait leur droite à la fin de juillet, avec Longueval comme sommet, s’était ouverte de façon à perdre tout caractère inquiétant. La pointe portée en avant était maintenant aux lisières du bois Delville, qui couvre Longueval, et le côté droit de l’angle, au lieu de se diriger vers le Sud, s’en allait vers l’Est-Sud-Est, par Ginchy et le bois de Leuze. Au Sud de ce point, les Français avaient pareillement poussé leur gauche en avant et tenaient la ligne bois Douage (inclus), Cléry (inclus). Grâce à cet élargissement, il était possible de penser, sur le front de cette aile droite raffermie, à d’autres opérations.

En effet, il restait à cette aile droite à s’élever à son tour maintenant sur le faîte principal du partage. Ce faite, après le bois des Foureaux, continue vers l’Est, par la cote 154, pendant une lieue. De Ginchy, où elles avaient leur pointe extrême vers le Nord-Est, les troupes britanniques voyaient à 2 kilomètres cette cote 154, comme une colline dominante qui barrait l’horizon, et au-delà de laquelle se trouvent cachés Les Bœufs au Nord-Est, Morval à l’Est.

L’extrême droite anglaise, au bois de Leuze, et faisant face au village de Morval, en était séparée par la tête d’un ravin profond, flanqué de toutes parts par l’ennemi et barré lui-même un peu plus bas par la petite ville de Combles. De l’autre côté du ravin de Combles commençait le secteur français ; là, l’extrême gauche de l’armée Fayolle marchait en direction de Sailly-Saillisel, par une sorte de défilé entre le ravin de Combles et le bois de Saint-Pierre-Vaast. Ainsi la droite britannique marchant sur Morval et la gauche française marchant sur Sailly-Saillisel débordaient Combles de part et d’autre. Les commandans anglais et français étaient tombés d’accord qu’il n’était pas nécessaire d’attaquer directement cette ville et que les progrès à gauche et à droite la rendraient intenable à l’ennemi. Il est d’ailleurs évident que les opérations des deux armées devaient être intimement liées. « Pour combattre dans de telles conditions, écrit sir Douglas Haig, l’unité de commandement est ordinairement essentielle, mais en ce cas l’amitié cordiale (the cordial good feeling) des armées