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proportions considérables par la construction de chemins de fer à voie normale et à voie droite. Pour entretenir routes et voies, on a ouvert des carrières, on les a exploitées. On a organisé tout un système de charrois. On a installé des dépôts de munitions et de matériel en creusant dans le flanc des collines ; on a multiplié les abris ; on a placé auprès de toutes les voies les postes de secours et les ambulances ; on a bâti des ponts et des passerelles. En certains endroits, le travail de l’homme a changé la physionomie du pays. »

Un officier allemand blessé, A. Dambitsch, a décrit dans la Gazette de Voss du 15 juillet le bombardement préparatoire : « Le bombardement des tranchées de première ligne, dit-il, fut opéré presque exclusivement par l’artillerie lourde et les minenwerfer (crapouillots). Les Français avaient déjà une prédilection pour cette arme ; le 25 février dernier, avant l’attaque de Notre-Dame de Lorette, ils avaient arrosé copieusement la colline avec des torpilles. Mais c’étaient alors des torpilles de petit calibre qu’ils lançaient pendant les dernières heures lorsque les tranchées étaient déjà détruites par l’artillerie et dont l’effet était plutôt moral que matériel. Depuis lors les Français ont développé cette arme avec amour. Pour détruire les tranchées, ils emploient exclusivement leurs projectiles de plus gros calibre qu’ils lancent avec plus de précision et bien plus loin que jadis. En face du secteur de ma compagnie, il n’y avait pas moins de 6 minenwerfer tirant sans interruption et souvent par salves, qui lançaient des centaines de torpilles sur notre position et jusqu’à la troisième tranchée. Ces torpilles arrachaient les réseaux de fils de fer avec leurs poteaux, en projetant au loin leurs débris ; elles écrasaient les abris qu’elles touchaient et bouleversaient même les plus profonds. En très peu de temps, de larges parties de tranchées furent nivelées, les abris défoncés, les hommes enterrés. Ce bombardement dura sept jours. A la fin, des attaques par gaz suivant une méthode également perfectionnée combinèrent leur effet avec le sien. »

Au moment de l’attaque, le général Fayolle avait, comme nous avons dit, un corps au Nord de la Somme, le XXe ; et il attaquait également au Sud de la Somme par le Ier corps colonial, appuyé à droite par une division du XXXVe corps. L’étendue totale du front d’attaque français était de 16 kilomètres.

Au Nord de la Somme, le XXe corps se porta à l’attaque à