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y intercaler de nouveaux obstacles et en créer encore plus loin.

Entre la Somme et l’Ancre, les lignes anglaises couraient parallèlement aux lignes allemandes et à leur contact, mais au-dessous d’elles. Les observatoires terrestres donnaient de bonnes vues sur la première position allemande, qui apparaissait à flanc de colline, et sur les pentes montantes qui s’élevaient en arrière jusqu’à la crête ; mais déjà la seconde position, en beaucoup d’endroits, ne pouvait être observée que par avions, et tout ce qui était en arrière échappait complètement aux vues.

Au Nord de l’Ancre, la situation était différente, puisque les lignes couraient, non plus parallèlement devant la crête principale, mais perpendiculairement à cette crête qu’elles traversaient. Les deux adversaires étaient donc de niveau ; pour ce motif, l’observation était beaucoup moins bonne qu’au Sud de l’Ancre. Dans certaines régions, un vaste espace séparait les premières lignes des deux partis. Enfin, de vallons situés au Nord l’ennemi pouvait, avec des batteries dissimulées jusque-là, ouvrir des feux de flanc dans la gauche des colonnes d’attaque britanniques.


IV

Sir Douglas Haig divise les opérations sur la Somme en trois phases, dont la première va du 1er au 17 juillet.

La préparation d’artillerie immédiate commença le 24 juin : « Une grande force d’artillerie, dit laconiquement le commandant anglais, fut mise en action dans ce dessein. » En même temps que le champ de bataille était pilonné, des bombarde- mens, destinés à tromper et à fixer l’ennemi, étaient exécutés sur le reste du front. Dans ces sept jours, des gaz étaient envoyés sur plus de quatre points, formant un front total de 25 kilomètres ; 70 raids étaient exécutés, depuis le Nord d’Ypres jusqu’à Gommécourt, et donnaient de bons renseignemens sur les dispositions de l’ennemi. Le 25 juin, l’aviation anglaise exécuta une attaque générale sur les saucisses allemandes et en abattit neuf, privant l’ennemi, pour un moment, de cette forme d’observation.

C’étaient là les symptômes d’une bataille imminente. Le 1er juillet, à 7 h. 30 du matin, après une heure de bombardement