Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 44.djvu/848

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’aime... » elle semble, elle, projeter quelque voyage en Suède, et plaisante agréablement F. Buloz sur un séjour en prison qu’il subissait, comme garde national inexact [1] !


« Mon brave Buloz,

« On me mande que vous êtes en prison. Parbleu ! je n’en suis pas fâchée ! vous l’avez bien gagné, et pourvu que vous n’y passiez qu’un jour ou deux, que vous y trouviez bonne table, et bon lit, et bonne compagnie, je pardonne au gouvernement cet acte de justice, le premier peut-être qu’il ait fait.

« Vous devez avoir reçu ma Lettre sur l’Italie : l’avez-vous insérée ? Envoyez-moi donc le numéro du 15... Je vais avoir besoin d’une certaine somme pour me remettre en route, non pour l’Italie, mais, je crois, pour la Suède. Je vous recommanderai mon fils, je vous confierai mes papiers, et bonsoir, Buloz. Si je meurs en chemin, vous me ferez dire des messes magnifiques, avec la vente de mes mémoires. Messes en musique, entendez-vous ? et ne lésinez pas sur les violons.

« Adieu, vieux Buloz, restez quoi qu’on die fidèle au souvenir de votre ami.

« GEORGE. »


Puis, le 22 septembre :

« Mon vieux Buloz, j’ai reçu Jacques qui est très bien exécuté... Je serai à Paris vers le 3, sans un sou, mais avec du manuscrit, entendez-vous ? Bonsoir, mon vieux, Maurice vous embrasse, et je vous donne une brave poignée de main.

« GEORGE. »


« Vous n’avez rien changé à ma Lettre sur Venise, êtes-vous bien sûr que si elle tombe sous les yeux de M. de Lamennais, elle ne le fâchera pas ? J’y traite peut-être un peu lestement, non sa personne. Dieu m’en préserve, mais sa mission. Je vous ai fait juge : s’il m’en veut, ce sera votre faute. »

On voit le ton. Il n’est pas celui d’une désespérée. Enfin en octobre, Lélia revoit Cœlio, et, de nouveau, les voilà amans.. Cette fois, ce sont les orages déchaînés, les reproches, les aveux,

  1. 15 septembre 1834.