Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 44.djvu/740

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celle d’août 1914, on constate, — et nous nous bornerons aux faits dûment constatés, — que nos adversaires sont considérablement plus usés que nous.

D’abord l’usure des effectifs. Nous ne pouvons pas faire en public une comparaison des effectifs allemands et des nôtres ; mais nous pouvons rappeler des faits positifs qui sont connus de tous. Chez nous, la classe 18 a été incorporée l’année dernière, mais elle est intacte ; la classe 19 va être appelée. Les armées de nos Alliés sont encore mieux partagées. Au contraire, en Allemagne, dès l’année dernière, la classe 18 figurait dans les unités combattantes et elle a subi une assez forte usure. La classe 19 (jeunes gens ayant 18 ans), incorporée en septembre dernier, a paru déjà sur notre front. La classe 20 (17 ans) est recensée. Sans la défection russe, le commandement allemand aurait dû, dès ce printemps, faire appel à ces enfans. Il n’en reste pas moins en avance sur nous d’une classe. Il a épuisé toutes ses ressources en récupérés et en hommes en sursis d’appel, toutes les disponibilités créées par l’emploi des prisonniers, par l’extension de la main-d’œuvre féminine, par la mobilisation civile ; en un mot, toutes les ressources auxiliaires qui lui avaient permis, dans les années précédentes, de combler le déficit des classes annuelles par rapport aux pertes. Cependant, d’après des renseignemens qui ont été communiqués à nos journaux, les dépôts allemands n’avaient, en décembre dernier, pour combler les vides du front, que de faibles ressources, environ 550 000 hommes. Il est certain que, si la paix russe n’était pas survenue, la baisse des effectifs allemands sur le front en 1918 aurait été rapide ; les réserves indispensables pour la bataille se seraient épuisées progressivement.

Des prélèvemens sur les divisions du front oriental, la rentrée d’une partie des prisonniers internés en Russie ont rétabli l’équilibre [1]. Mais cet équilibre ne peut être que momentané. Que la bataille use les effectifs allemands sur notre front, leur baisse reprendra et s’accélérera bientôt, tandis que, par suite des apports américains, nos propres effectifs augmenteront constamment.

Nous avons la supériorité en matériel et en munitions.

  1. La situation paraît trop instable en Russie pour que les Allemands puissent, de longtemps, rappeler sur notre front la totalité de leurs forces.