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individuelles et qu’ils commençaient à se grouper pour combiner leurs efforts dans certains cas, l’attaque des convois par exemple. On doit admettre que l’expérience sera poursuivie avec des combinaisons variées ayant pour objet d’attirer l’escorte sur un point du convoi, tandis que le gros de l’escadrille de plongée en attaquera à fond un autre.

Mais dans la lutte probablement décisive qui s’apprête entre convois escortés et groupes de sous-marins [1], ceux-ci, qui ne peuvent compter que des radiotélégrammes complaisans les renseigneront toujours sur la route adoptée par les transports chargés de troupes ou de matériel, doivent chercher à utiliser de nouveaux et à peu près sûrs moyens d’information.

La mise en jeu d’appareils aériens se présente naturellement à l’esprit, au moins pour révéler à 40 ou 50 milles de distance, — et ce serait assez pour que le groupe sous-marin pût se rassembler et prendre son dispositif d’attaque, — l’approche d’un convoi important, marchant à la vitesse moyenne de 9 nœuds. Mais il n’existe point jusqu’ici d’appareil aérien autonome et susceptible de tenir croisière en haute mer sans le concours d’un bâtiment de surface du genre de ceux que les marins nomment familièrement « mères gigognes. » Le navire volant, aboutissement inévitable de l’hydravion, est entrevu [2], mais point encore réalisé. Et, d’autre part, il n’est pas facile d’admettre que les Allemands puissent attacher une mère gigogne d’hydravions à un groupe de sous-marins, sans attirer rapidement l’attention et provoquer la poursuite des croiseurs alliés, — à supposer encore que ce bâtiment, nécessairement assez gros, eût réussi à franchir sans fâcheuse rencontre les lignes des patrouilleurs et éclaireurs anglais de la mer du Nord.

Serait-il donc absolument impossible que chaque croiseur sous-marin eût son hydravion qui, reposant sur sa superstructure, bien saisi et les ailes repliées ou démontées, courrait avec lui les chances de la navigation en plongée et qui, peu de temps après l’émersion du bâtiment, serait prêt à prendre son

  1. On apprend, à la date du 20 janvier, qu’un navire américain a rencontré à quelques heures d’intervalle et en moins d’une journée quatre submersibles allemands. Il semble bien que ces quatre unités formaient un groupe tactique.
  2. J’en ai déjà parlé dans la presse quotidienne depuis plusieurs mois, et je crois pouvoir affirmer que l’idée n’a rien de chimérique.