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crâne évacués vers l’arrière a paru avoir plutôt une tendance à augmenter : le dénombrement exact du total des blessés du crâne, tant de ceux évacués que de ceux conservés, à cause de leur état grave, dans les ambulances de l’avant, a montré que ce total avait nettement diminué, et que le fait paradoxal constaté provenait tout justement de ce qu’un grand nombre de blessés qui eussent été, sans le casque, des blessés graves intransportables, étaient devenus grâce à lui des blessés légers évacuables.

Si nous revenons maintenant à l’examen technique et rationnel du casque Adrian, nous voyons que la bombe qui en constitue la partie essentielle et préserve la boite crânienne est en réalité très profonde ; le rapport de son diamètre à sa profondeur est égal à environ 200/110, c’est-à-dire qu’elle est notablement plus surélevée que la demi-sphère. Ainsi a disparu un des principaux inconvéniens de la calotte primitive : le crâne étant très éloigné de la surface protectrice, les chocs et les projectiles qui produisent une déformation, un enfoncement plus ou moins violent du casque risquent moins de léser simultanément le crâne. D’ailleurs les phénomènes d’échauffement et de migraines constatés avec l’ancienne calotte sont évités ici grâce à un orifice d’aération qui est situé au sommet delà bombe et que recouvre précisément le léger cimier, échancré lui-même, dont nous remarquions tout à l’heure l’effet esthétique. La visière inclinée de 22°, le couvre-nuque incliné de 45°, sont fixés l’un à l’autre par rivetage, puis sertis avec la bombe. Ils sont faits de la même tôle que celle-ci.

L’ensemble est d’une harmonie charmante qui provient sans doute surtout d’une rigoureuse et rationnelle adaptation des élémens du casque à leur fonction.

Presque tous nos alliés ont aujourd’hui adopté et généralisé le casque Adrian, et successivement les armées belge, italienne, russe, serbe, monténégrine, roumaine, grecque, en ont été dotées.

Les Allemands eux-mêmes n’ont pas voulu rester en arrière dans la voie si heureusement ouverte par l’intendant général Adrian. Vers la fin 1915, ils ont essayé d’abord un casque analogue par sa forme au cuir bouilli de leur casque à pointe et en tôle mince ; ils y ont bientôt renoncé pour adopter en 1916 leur gros casque de tranchée, qui, est sans doute plus efficace que le nôtre contre certains éclats à grande vitesse, mais qui est beaucoup plus lourd et gênant, et qui partant ne peut pas être comme celui-ci une coiffure continuellement portée. En fait, une partie seulement de leurs troupes des secteurs avancés en sont dotées. Et je sais d’ailleurs de bonne source que les