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ÉLECTIONS ACADÉMIQUES

LE MARÉCHAL JOFFRE
À
L’ACADÉMIE FRANÇAISE'

L’Académie vient, aux applaudissemens de toute la France, d’élire le maréchal Joffre.

Il ne faut pas s’imaginer que cette faveur soit si commune aux grands capitaines. Six maréchaux seulement sont entrés à l’Académie — à des titres assez différens et tous en l’espace d’une soixantaine d’années. Le maréchal de Villars y entra le premier en 1714 ; il avait soixante et un ans, il venait de sauver la France, et ce trait rappelle l’élection d’aujourd’hui. Ce fut dans un élan de reconnaissance que l’Académie lui offrit spontanément le fauteuil, devenu vacant par la mort du premier aumônier de la Dauphine, Chamillard. Mais le vainqueur de Denain pouvait faire figure parmi les hommes de lettres. Il mit beaucoup de soin à polir son discours, qui fut très applaudi. Il y fut très modeste, ce qui ne lui était pas accoutumé. Il parla peu de lui-même. En quelques phrases seulement, il évoqua la grandeur du Roi et la valeur de l’armée française. Le directeur lui répondit avec grâce qu’il regrettait de n’être pas Cicéron pour répondre à César. Une fois à l’Académie, le maréchal prit intérêt à ses travaux ; il y collabora ; on dit que la finesse de ses observations littéraires étonnait ses confrères. Il fit don à la Compagnie de