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tend à se restreindre d’elle-même jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli. »

C’est donc dans un intérêt bien compris qu’au cours des deux années 1915 et 1916, c’est-à-dire bien avant même d’être participant dans la guerre, les États-Unis, par l’entremise de leurs banques, ont prêté à la France un montant estimé à 770 millions de dollars et à l’Angleterre 1 100 millions de dollars, soit au total 1 870 millions de dollars, représentant environ 10 milliards 600 millions de francs, montant comprenant les grands emprunts et toutes les opérations d’avances à court terme ou de crédits commerciaux.

Ce point de vue est celui auquel les États-Unis se sont placés lorsqu’a été émis, vers la fin de 1915, le grand emprunt franco-anglais de 500 millions de dollars. En commentant cette opération à l’usage du public américain, le prospectus exposait que le produit de l’emprunt serait utilisé aux États-Unis par la Grande-Bretagne et la France et que, par conséquent, le pays lui-même était le premier intéressé à faciliter le règlement de ces achats, tout en maintenant l’équilibre de sa situation monétaire. Les banques américaines ne présentaient pas cette opération sous de fausses apparences sentimentales. Leur conduite était inspirée par un intérêt hautement avoué : augmenter le pouvoir d’achat de leurs emprunteurs, surtout lorsqu’ils offrent de bonnes garanties, en leur procurant des facilités de règlement au moyen d’un emprunt à long terme.

Si l’on veut chiffrer l’importance du concours américain pour les Alliés, il faut ajouter à ces vastes opérations, d’État les nombreux crédits servant au règlement de transactions privées de nature commerciale et industrielle, dont le montant doit représenter approximativement un milliard de dollars. Enfin, il faut faire entrer en ligne de compte, comme grande opération financière, le rapatriement des valeurs américaines placées à l’étranger. Avant la guerre, on évaluait à 6 milliards de dollars environ le montant de ces placemens faits, pour la plus grande partie, en Angleterre. Or, d’après les indications les plus récentes, on estime que ce montant aurait été ramené au-dessous de 4 milliards de dollars, soit un retour d’au moins 2 milliards de dollars, dont une bonne partie, il est vrai, n’est point effectivement rachetée, mais sert de nantissement à des ouvertures de crédit en faveur des Alliés.