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repoussé, ces combattans, ne pouvant se résigner à l’inaction, veulent continuer à combattre et à faire dépendre d’eux seuls le salut de la cité. Et, alors qu’en résulte-t-il ? La formation du tissu conjonctif, la restauration et la prospérité de ce qui a été lésé ne peut se faire tranquillement et l’organisme ne peut retrouver son équilibre par la faute même de ceux qui l’ont empêché de le perdre. Si l’Allemagne avait médité sur ces leçons de l’infiniment petit, elle n’aurait pas laissé son militarisme la gouverner en temps de paix ; elle ne lui permettrait pas aujourd’hui d’empêcher la fragile reconstitution du tissu conjonctif. Elle aurait maintenu à leur place qui est de servir et non de commander, de défendre la loi et non de la faire, ses microbes blancs et ses cuirassiers blancs. Et bien des choses tristes n’auraient pas eu lieu qui ont fait pleurer la terre.

Il importe donc essentiellement que, pour savoir où en sont les choses et s’il doit activer ou au contraire ralentir thérapeutiquement la production et l’afflux des leucocytes, le chirurgien sache d’une manière presque continue à quel stade de son évolution en est la plaie de guerre.

Les renseignemens du microscope sont alors d’un grand intérêt pratique, spécialement en ce qui concerne la détermination du moment où il conviendra de faire la suture secondaire de la plaie. On aura ces renseignemens en dénombrant périodiquement dans le champ du microscope : 1° le nombre de germes pathogènes, 2° le nombre des élémens de défense, des leucocytes polynucléaires, 3° celui des germes de la régénération du tissu conjonctif, cellules mononucléaires. C’est ce qu’on appelle la détermination des indices microbiens relatifs à ces trois sortes de germe. On tracera, à l’aide des nombres obtenus, des courbes qui fourniront les élémens positifs nécessaires au chirurgien pour établir les modes et les époques de ses diverses interventions.

En outre, la constatation de la présence et du nombre des cellules épithéliales fournit des renseignemens précieux sur l’activité vasculi-formatrice dans la plaie, élément capital de la réparation, et sur l’absence de tout exsudât leucocytaire de mauvais pronostic.

Je m’excuse encore un coup d’employer parfois dans cet exposé des mots un peu barbares, et qui peuvent paraître singuliers à ceux de mes lecteurs qui ne sont pas coutumiers des promenades dans les plates-bandes ésotériques du jardin médico-chirurgical. Mais ces mots sont de pratique aujourd’hui courante parmi les séides d’Esculape ; la Faculté leur a donné des lettres de grande naturalisation, et