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privé, vient encore protéger bien des déshérités contre la misère provoquée par la cherté. Il y a lieu de ne pas oublier cela et de souhaiter que toutes les œuvres de ce genre multiplient leurs services au lieu de les restreindre. Il n’est pas question d’abandonner à leur sort, ce qui serait cruel, des femmes chargées de famille, des veuves momentanément sans emploi, des enfans orphelins ou des vieillards. Nous pensons seulement que la tâche de l’Etat ou de la bienfaisance privée pourrait utilement consister à secourir les malheureux, au lieu d’abaisser par des taxes le prix des denrées qu’achètent les riches et les gens aisés aussi bien que les plus pauvres. Les sacrifices imposés aux agriculteurs et ceux que l’Etat supporte en vendant à perte profitent ainsi à des personnes dont la situation ne justifie en rien de pareilles largesses. En accordant des secours aux pauvres, aux vrais pauvres, et à eux seuls, on n’aurait pas à déplorer les conséquences de la taxation, tout en soulageant les misères réelles ! C’est exactement ce que disaient les Conventionnels effrayés à la fois des dépenses énormes du Trésor et des conséquences du maximum. Richaud disait à ce propos : « Craignez de détourner les capitaux de l’Agriculture par le maximum qui la ruine... Il n’en a pas moins coûté à la République lorsqu’il a fallu tirer du dehors des subsistances de toute espèce qui coûtaient fort cher et qu’on vendait dans l’intérieur au maximum, et le riche comme le pauvre profitait des pertes énormes que faisait le gouvernement à ce commerce ruineux. Dans le nouveau système (suppression du maximum), il n’y aura au moins de sacrifices à faire que pour les troupes et de secours à donner qu’aux indigens. »

Ces réflexions n’ont rien perdu de leur sagesse et de leur actualité. Elles semblent écrites d’hier !


CONCLUSION

Il ressort clairement des observations faites dans nos campagnes que le système de la taxation, sans cesse aggravé par des applications nouvelles, tend à décourager l’agriculteur, à réduire la production, et à nous forcer de multiplier nos achats à l’étranger, achats ruineux puisque l’Etat vend à perte et contribue à provoquer la hausse sur les marchés neutres. Au lieu de stimuler toutes les énergies et de récompenser tous les