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à celle de 1914. Il est indispensable de s’arrêter sur cette pente pour l’année 1916, et la première précaution à prendre doit s’appliquer aux ensemencemens du printemps qui commencent en ce moment.

« Nos agriculteurs livrés à eux-mêmes choisiront naturellement les céréales qui leur coûtent le moins cher à produire et qui rapportent le plus, et ils donneront la préférence à l’avoine et à l’orge dont les cours n’ont pas cessé de monter. »

La conclusion logique de cette argumentation devait être la suppression de toute taxe, jointe à la liberté du commerce des grains, mais l’honorable ministre de l’Agriculture se borne à demander que la taxe soit relevée à 33 francs pour les achats de l’Intendance, et pour les blés de printemps seulement.

Il est aisé de comprendre que cette mesure sanctionnée par le décret du 14 mars 1916 devait être inopérante. Le relèvement de la taxe ne s’appliquant qu’aux achats de la Guerre, sa portée restait médiocre, et il était, d’autre part, singulièrement difficile de distinguer les blés de printemps des autres blés, une fois la moisson faite !

Ce que nous devons retenir seulement du rapport officiel, c’est la preuve solidement établie des conséquences redoutables de la taxation du blé. Le « découragement » du producteur est notamment signalé d’une façon officielle.

Chose étrange, au lieu de supprimer la taxe du froment, le législateur décida, au contraire, qu’il y avait lieu de taxer désormais les grains tels que l’orge, l’avoine, le seigle, et même les résidus industriels de mouture, c’est-à-dire le son et les issues ! Tel fut l’objet de la loi récente du 17 avril 1916. Bien mieux, un autre texte, celui du 20 avril de la même année, autorisa la taxation, soit par décret, soit par arrêtés préfectoraux, des pommes de terre, du lait, et des légumes secs. Enfin, la loi du 30 octobre dernier permet de fixer arbitrairement le prix des beurres et des fromages, tout en autorisant, il est vrai, la taxation des tourteaux destinés au bétail et que l’agriculteur achète tandis qu’il vend les autres produits.

Il est clair que le découragement signalé par le ministre de l’Agriculture est devenu plus visible et plus dangereux que jamais. La loi du 29 juillet 1916 a bien élevé d’une façon générale à 33 francs le prix de réquisition du blé, porté récemment à 36 francs, mais le producteur sait parfaitement que les achats