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telles que le seigle, le maïs ou le sarrasin, mais rien ne nous empêche de reprendre cette tradition au lieu de dépenser des centaines de millions que l’Etat consacre (aux frais des contribuables) à des achats de blés étrangers. Nos finances s’en trouveraient mieux, et nos forces ne seraient nullement affaiblies pour cela.

On dit que notre troupeau a diminué, et nous croyons, en effet, que son poids a été réduit parce que nombre d’animaux adultes ont été sacrifiés. Mais, d’une part, les jeunes bêtes qui vont remplacer les absens arrivent plus vite qu’autrefois à leur développement maximum, et, d’autre part, le poids de chacune d’elles est plus élevé qu’il y a cinquante ans. Avec nos effectifs réduits, nous pouvons fournir encore, par tête d’habitant, plus de viande que sous le second Empire. Ce poids ne s’élevait qu’à 20 kilos environ vers 1862, et il atteignait 57 kilos en 1900, d’après les évaluations officielles. Or, notre troupeau peut certes produire encore beaucoup plus de la moitié de la quantité de viande fournie par lui il y a seize ans. Nos disponibilités restent donc supérieures à ce qu’elles étaient en 1862, et personne ne parlait à cette époque de jours sans viande, de disette ou de souffrances !

Ces observations générales se trouvent confirmées par nos informations personnelles. En Normandie, dans le Nivernais, le Bourbonnais, l’Auvergne, nous avons constaté la présence d’un bétail plus jeune, comme âge moyen, que durant les années antérieures, mais ce bétail est nombreux, en excellent état, et l’élévation de son prix encourage les éleveurs qui réalisent de sérieux profits. Nous nous trouvions dans le Cantal à la fin de septembre, au moment où les troupeaux descendaient de la montagne. Il est impossible de voir des animaux en meilleur état, et, dans cette région, les réserves sont abondantes.

C’est là une certitude qui s’impose à l’esprit de tout observateur attentif.

Souvenons-nous, enfin, que la guerre nous impose des sacrifices, et apprenons à nous contenter de ce qui paraissait suffisant à nos pères. C’est ce que nous devons affirmer sans hésitation, en achevant de présenter les observations que nous suggère l’étude des conditions nouvelles de notre production agricole.