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Le vin ou le cidre, la viande au moins deux fois par jour, le café, sont le plus souvent exigés par les ouvriers nourris et par les domestiques.

Remarquons, à ce propos, que les salariés agricoles ne supportent pas les conséquences de la hausse des denrées alimentaires. C’est le patron, c’est l’employeur qui subit les augmentations de dépense et qui voit s’élever le prix de revient de ses produits.

Enfin, les gages ou salaires ont suivi une marche ascensionnelle encore plus rapide que celle des principales denrées alimentaires.

Dans nos départemens du Centre, un jeune homme de dix-sept ans pouvait déjà gagner, en 1914, de 500 à 600 francs par an comme domestique de ferme, et il était, bien entendu, nourri et blanchi. Ces gages se sont élevés à 800 francs en 1915 et à 1 200 francs en 1916.

Pendant la période des grands travaux de la fenaison et de la moisson, un ouvrier de la même région gagnait, en 1914, de 6 à 7 francs par jour, et son salaire a varié de 7 à 10 francs en 1915, puis de 10 à 12 francs en 1916. Le tâcheron nourri peut obtenir aisément 8 francs par jour pendant les autres périodes de l’année, et les femmes exigent 2 fr. 50. Fort souvent le coût de la main-d’œuvre a doublé depuis le commencement de la guerre.

Le prix des engrais industriels a également augmenté de 100 pour 100 au moins. Tel est le cas pour le superphosphate de chaux et le nitrate de soude. Les alimens destinés au bétail pour compléter les rations de fourrage ou de racines ont subi une hausse de 80 pour 100.

Il y a plus, et nous nous bornons ici à reproduire les notes que nous ont dictées des gens parfaitement informés :

« Le charron, le maréchal ferrant ont doublé et parfois triplé leurs prix. Les socs de charrue ont doublé de valeur, et le prix des instrumens agricoles a augmenté de 30 à 100 pour 100. Cette hausse continue. »

En regard de ces chiffres, il est intéressant de placer ceux qui se rapportent aux cours des principaux produits du sol. Il y a six mois environ, avant la hausse désordonnée qui a eu pour causes de fâcheuses mesures administratives et la difficulté des transports, l’élévation du prix des denrées agricoles