Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/904

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

besoin, on a toujours sa baïonnette pour s’ouvrir un passage. » (Ordre de la 40e division, 31 mai, avant la bataille de Messines.)

On réagit contre le relâchement de la tenue et de la discipline. On recommande les théories, — « ce pain quotidien de la troupe, » — sur ce thème, par exemple : « En prenant pour point de départ notre offre de paix et le refus de nos ennemis, le commandant de compagnie expliquera aux hommes qu’il s’agit pour nous d’être ou de ne pas être. Plus de scrupules : la colère et la rage doivent seules nous inspirer pour les combats décisifs qui approchent. » (Ordre de la 42e brigade, signé von Davans.) Les généraux interviennent en personne par des proclamations :


5 mars 1911.

VIIe armée.

Le Général commandant en chef,

« soldats de la VIIe armée !

« L’offensive de nos ennemis, précipitée par les succès de nos sous-marins, semble maintenant imminente et tournera ses principaux coups contre le front, longtemps tranquille, de la VIIe armée.

« L’armée est prête à recevoir l’adversaire comme il faut et à le renvoyer chez lui.

« Vous savez de quoi il s’agit et ce que vous avez à faire. Jetez les yeux autour de vous ; voyez ces campagnes dévastées, ces villages détruits, ces forêts, ces récoltes ruinées : voilà ce qui menace notre patrie, si nous ne sommes pas vainqueurs. C’est pour nos toits, pour nos foyers, pour nos femmes, nos enfans, que nous nous ballons ici sur l’Aisne, comme si nous maniions la garde sur le Rhin.

« Veillez donc et ne vous laissez pas surprendre ! Soyez durs comme l’acier au feu. Frappez avec la fermeté allemande quiconque s’approche de vous. Français blanc, noir ou brun. Frappez jusqu’à ce que l’ennemi sans force implore la paix allemande, qu’il repoussait naguère dans son aveuglement.

« Qui voudrait revenir dans ses foyers sans cette paix victorieuse ? A quoi bon vivre, s’il fallait vivre esclaves de nos vainqueurs ? Non, jamais ! Nous voulons vaincre, nous vaincrons, parce qu’il nous faut la victoire.

« VON SCHUBERT. »


Ces ordres se multiplient aux premiers jours d’avril. Vers le 10, le canon commence son tonnerre : l’assaut n’est plus qu’une