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de pendule calculées pour en revenir à peu près au point mort.

La contre-attaque enfin est l’âme du système ; elle en est le nerf essentiel. Le principe est de surprendre l’assaillant en plein désordre dans sa victoire, de préférence sur les flancs : la contre-attaque le met en pièces. Les Allemands en distinguent plusieurs sortes. Celle des compagnies de soutien, placées immédiatement en arrière du front, doit être instantanée. C’est la réplique, la réaction automatique comme un réflexe ; elle se déclenche sans ordres ; moins la riposte tarde, plus elle a de chances de réussir. Si elle échoue, le commandement fait donner les réserves. Enfin, en dernier ressort, si la situation l’exige, on lancera la grande opération « montée, » avec préparation complète d’artillerie, ce que les Allemands appellent la « contre-attaque de profondeur » (Gegenstoss aus der Tiefe). Ceci suffit à montrer è quel degré de perfection ils avaient porté, pendant l’hiver, la doctrine de la défensive : c’est même ce qu’on discerne de plus clair dans les desseins menaçans qu’on prête à Hindenburg. Les documens de leur école d’exercices de Solesmes forment un manuel complet de ce genre de manœuvre. La leçon de l’automne leur avait profité : ils n’avaient pas perdu leur temps. Toute une tactique était prévue contre les engins nouveaux, en particulier contre les tanks ; une artillerie spéciale était créée pour les combattre.

Enfin, tout était prêt. Rien n’était négligé pour rendre confiance à la troupe et la persuader du succès. Aux dernières attaques de Verdun, le nombre alarmant des prisonniers avait paru un grave symptôme de fléchissement moral. Les ordres insistent sur ce point : « Aucun chef ne devra ordonner ou permettre à une troupe de se rendre. Défense à qui que ce soit de se constituer prisonnier. Tout chef a le devoir de faire entendre à ses hommes qu’une telle lâcheté est une trahison, qui n’échappera pas, après la guerre, à la rigueur des lois. » (Ordre du 7e Bavarois de réserve, signé Aschnauer, du 6 avril 1917.) — « Il sera porté à la connaissance de tous que des réserves considérables se trouvent en arrière de la division, prêtes à exécuter une contre-attaque immédiate, et que, par conséquent, les élémens qui se trouveraient enveloppés peuvent être certains d’être secourus. Il faut faire comprendre à tous que c’est une honte de se laisser capturer sans résistance et qu’au