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ne sont pas très développées ou font même complètement défaut, il faut tenir coûte que coûte notre position. » A la 183e division, sur le Chemin des Dames, l’ordre est plus explicite encore :

I a. N° 638. Personnel.

18 mars 1917.

A M. le général commandant la 33e brigade de réserve.

La dernière fois qu’il a passé dans les tranchées, le général a eu l’impression que tous les officiers ne sont pas encore persuadés de la nécessité de tenir à tout prix notre première position (die vorderste Stellung). Je ne m’explique pas comment cette pensée a pu leur venir en tête, car tous les ordres prescrivent que la première ligne doit être défendue coûte que coûte et que, si elle était perdue, il faudrait se battre jusqu’à ce qu’elle soit reconquise.

Notre principale ligne de combat est la première ligne : voilà, à l’exclusion de toute autre, la seule pensée à s’enraciner dans l’esprit. Veuillez en pénétrer vos officiers et tous vos hommes. Vous me rendrez compte pour le 23 mars au soir.

VON SCHLUSSER.


L’instruction est répétée sous cette forme par la brigade :

33e brigade de réserve.

Vous me rendrez compte, le 22 mars au matin, que tous les officiers et hommes de troupe ont reçu de nouveau l’instruction formelle que la première ligne doit être défendue à toute extrémité. Au cas où une compagnie aurait eu le malheur de laisser pénétrer dans ses lignes des fractions ennemies, le commandant de cette compagnie devra, par une contre-attaque immédiate, s’assurer la reprise de ces positions. Il faut s’y exercer, bien que ce cas doive être. Dieu merci, l’exception.

J’espère que désormais il ne se trouvera plus personne à la brigade pour répondre qu’il essayera de tenir sur la première ligne, mais qu’on répondra que la première ligne doit être tenue coûte que coûte.

VON WURM.


On se rend compte, par de tels textes, du prix que l’ennemi attachait à ses positions et de l’effort qu’il s’apprêtait à faire pour les conserver. Il y allait de la gloire des armes allemandes [1]. Du succès éclatant des attaques françaises de l’automne,

  1. Ordre du général von Boehm à la VIIe armée, 12 avril 1911.