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OÙ EN EST
L’ARMÉE ALLEMANDE ?

LE BILAN DE DEUX MOIS DE CAMPAGNE
(9 AVRIL — 8 JUIN 1917)


I. — LA MANŒUVRE DE HINDENBURG ET LE REPLI STRATÉGIQUE

Le 5 mars 1917, on apprit une nouvelle étrange : les Allemands se repliaient devant le front anglais et abandonnaient sans combat la redoute de Warlencourt. Ils semblaient renoncer à défendre Bapaume. Le bois de Saint-Pierre-Waast, le village de Sailly-Saillisel, objets tant disputés des combats de l’automne, tombaient tour à tour des mains de l’ennemi dans celles de nos alliés.

Ce n’était encore qu’un prélude. Brusquement, le 17 mars, après une semaine d’attente, le mouvement d’abord lent, limité avec précaution à des secteurs étroits de la vallée de l’Ancre, s’étendait à tout le front entre la Scarpe et l’Oise, sur un espace de 60, puis de 120 kilomètres. Tout le saillant occidental des lignes allemandes, l’immense arc de cercle qu’elles traçaient entre Arras et Soissons s’amincissait, s’aplatissait jusqu’à ne plus former qu’une droite, suivant une direction qui était à peu près la corde de cet arc. Tout l’espace intérieur, jusqu’à une