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LE MARTYRE DE REIMS

LES
ÉCOLES DANS LES CAVES


JOURNAL DE L’INSPECTEUR PRIMAIRE

La relation qu’on va lire est la reproduction d’une partie des notes que j’ai prises au jour le jour à mesure que les événemens s’accomplissaient. Le récit de ces faits douloureux m’a paru assez éloquent par lui-même pour se passer d’amplifications littéraires. Il aura du moins le mérite, à défaut d’autre, d’avoir été vécu et d’être absolument sincère.

Reims, ville ouverte, n’a cessé d’être sous le feu de l’ennemi depuis le 12 septembre 1914 jusqu’aujourd’hui. L’année scolaire ne commençant qu’au mois d’octobre, je ne parlerai pas ici de ce qui se passa en août et septembre 1914. Il y aurait trop à dire d’ailleurs sur la vie à Reims pendant cette période où, en quelques jours, on passa avec une rapidité déconcertante de l’enthousiaste et aveugle confiance dans le succès, aux craintes de l’invasion, à l’affolement général, à l’exode en masse, et finalement aux horreurs de l’invasion allemande ! On vivait beaucoup dehors, le temps étant superbe ; les rues étaient sans