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Marronniers et tilleuls, royale frondaison
Etroitement unie au front de la maison ;
Beaux rêves retenus, perspectives secrètes
Qui craignez l’Infini dans vos closes retraites
Et ne voulez ici d’autre aboutissement
Qu’un « Buffet », qu’un « Miroir » ou qu’un bassin dormant,
Parc cérémonieux, familières allées.
Dessinés pour des jeux de nobles « assemblées »
Où savait se mêler la mesure à l’ardeur.
Vous offrez à nos yeux une intime splendeur.




Mais n’est-ce point assez de toutes ces magies
Pour éveiller en nous les chères nostalgies
D’un Passé qui sourit dans sa robe d’antan,
Ou qui porte à son front un soleil éclatant ?

Non ! voici que, paré d’une beauté sereine,
Fleur d’arrière-saison, le « Jardin de la Reine »
A Versaille est éclos, — car tel était le nom
Que l’on donna d’abord au PETIT-TRIANON.

Rochers élyséens et sentier idyllique,
Faces de diamant, sur l’eau mélancolique,
Du Belvédère blanc que porte le gazon.
Où tour à tour s’inscrit le dieu de la saison ;

Epanouissement harmonieux du Temple
Où l’Amour à jamais de son île contemple.
Sous le dôme parfait aux colonnes posé.
Son rêve ou son royaume enfin réalisé !

Hameau qui vient pencher dans la paix bocagère
Sur le Lac endormi son image légère
Et que préside, ainsi qu’un frivole seigneur,
La Maison de la Reine et sa façade en fleur ;

Moulin fragile qui du temps des Bergeries
Semble garder le fard ; changeantes broderies
Du printemps verdissant et de l’automne roux
Dont se voile à demi la Tour de Marlborough ;