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Diadème au bosquet, voici la Colonnade,
Le règne de Neptune, et l’effort d’Encelade,
Le jet droit du Dragon, l’Allée aux larmes d’eau,
Les Saisons aux bassins qui posent leur fardeau...

Dressée au cœur serein du balustre impassible
Voici la vasque où monte, aux « Dômes, » l’eau flexible,
Les secrets de l’Etoile, et le Vertugadin,
Et l’ « Obélisque » au ciel, bouquet d’eau du jardin !

Magicienne, c’est la salle des Rocailles
Où nous hantent les bals des nuits d’or de Versailles.
— Le Bosquet de la Reine, écho d’un autre instant,
De ses refuges verts répond en s’attristant...

C’est, dans son clair silence au-dessus de l’eau verte,
La grotte d’Apollon et sa clairière ouverte,
Et le Jardin du Roi, ses suprêmes joyaux.
Délicate retraite à tant de jeux royaux.

Et tous ces noms fameux sont entrés dans l’Histoire ;
Ils chantent hautement comme un bruit de victoire ;
A leur appel divin qui trouble un cœur fervent
Que de fronts tout à coup s’inclinent en rêvant !...




Fastueux Grand-Canal, de vos lignes hautaines
Vous tracez fièrement vos conquêtes lointaines.
Chevalier qui portez, debout sur le gazon.
Pour manteau la forêt, pour cimier l’horizon !
Votre bras étendu dans un grave mystère
Dépose sur le cœur d’un jardin solitaire
La fleur de TRIANON qu’il vous a plu d’offrir.
Fraîche rose à vos doigts qui ne sait se flétrir...
O Trianon de marbre, et péristyle où s’arque,
Pour qu’attende la Cour et passe le Monarque,
Un cintre répété, frontispice hautain
Où déjà s’entrevoit le tranquille jardin...
Parterres et degrés, bassins calmes on sombre
Un vertige de ciel et de feuilles sans nombre,