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Bercé, dans un beau soir, de la phrase très tendre
De Lulli, de Rameau, j’espérerais entendre
Aussi, dans l’autre instant, y flotter à fleur d’eau
Un chant de Debussy, Ducasse ou Reynaldo…
Jardins qui reposez, solitaire merveille.
Que de l’Enchantement jamais ne vous éveille
De ses doigts amoureux quelque Prince Charmant,
Vous de tous les jardins la Belle-au-bois-dormant !




Las de tant de grandeur et de tant de noblesse,
Rejetant le compas et le ciseau qui blesse,
Le dix-huitième siècle, aimant à transformer,
Fatigué d’éblouir, résolut de charmer.

Dès lors vous êtes nés, et votre fantaisie,
O Jardins à l’anglaise, est la courbe choisie
Où s’enroule l’allée au temple comme au banc
Aussi bien que se noue au boudoir un ruban !

Vous fîtes BAGATELLE et son Rocher où tinte
L’eau qui tombe à l’étang que paisiblement teinte
Chaque changeant feuillage ou chaque floraison
Dans l’accord nuancé que pose la saison.

Sur un brocart ancien fraîche fleur épinglée,
Votre Hameau pimpant, sa Rivière réglée.
Aux dessins d’autrefois sachant se réunir.
Superbe CHANTILLY, viennent vous rajeunir !

Dominant votre Lac, le bois se glorifie
Du monument offert à la Philosophie,
ERMENONVILLE, ô vous à qui vint se lier
La gloire d’un Tombeau que ceint le peuplier...

Puis encor, beaux jardins, vous offrez à la vue
Votre Rocher, NEUILLY, votre Tour, BELLEVUE,
Et votre Naumachie où seul et doux vaisseau
Vogue la feuille d’or de l’automne, ô MONCEAU !