Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis que Gotton avait avoué au forgeron le chagrin dont elle avait le cœur lourd. Ils n’en parlaient pas entre eux ; mais Luc voyait que Gotton était souvent absorbée, sa bouche avait pris un pli morne et le rayonnement de la jeunesse commençait à se ternir sur son visage. Il ne l’aimait pas moins ardemment, mais de la sentir insatisfaite le plongeait dans de sombres tristesses qu’elle percevait à son tour et attribuait à un regret semblable au sien. Sa peine et son inquiétude s’augmentaient d’autant.
L’hiver était venu et l’on approchait de la fête de Noël. Un soir, Luc, en s’asseyant à table pour dîner, dit à Gotton : « Veux-tu que nous allions ensemble à Malines pour la nuit de Noël ? J’entends dire que ce sera une grande fête de carillons et que toutes les cloches de la ville sonneront à la fois. » Gotton réfléchit un instant avant de répondre. Malines ? Elle n’y avait jamais été. Elle imagina une grande foule dans