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ici encore, il hésite. Nos batteries contiennent sa poursuite.

A gauche, le 18e corps est entré en ligne un peu tard dans la journée et n’a pu qu’empêcher, par sa présence et ses lointaines canonnades, le mouvement du VIIe corps qui menaçait d’envelopper le 3e corps à l’Ouest.

Telle est la « bataille de Charleroi » proprement dite. Quatre corps allemands, VIIe actif, Xe de réserve, Xe actif et la Garde ont attaqué deux et, au plus, trois corps français. « La 5e armée est sortie ébranlée de la bataille du 22, mais elle n’est pas dissociée ; si elle a reçu de rudes coups, elle en a porté à l’ennemi d’aussi rudes. » Le moral du soldat reste excellent ; il ne se considère pas comme battu. C’est à reprendre. Et le commandement français se dispose à le faire.

La journée du 23 août voit la ruine de cette dernière espérance. Tant est fort l’avantage de l’initiative et tant il est vrai qu’on ne guérit pas un grand mal par des palliatifs, en pleine crise ; mieux vaut trancher et chercher un novus ordo.

Le front français a étayé et consolidé successivement les corps en flèche en les calant par les corps voisins. Or, voici que tout l’édifice chancelle : Namur, qui soutenait notre droite, succombe ; le 1er corps qui, enfin libéré par l’arrivée de la 51e division, se prépare à prendre de flanc l’armée allemande débouchant de la Sambre sur les hauteurs, est soudainement obligé de se retourner pour faire face aux premiers élémens (XIIe corps) de l’armée von Hausen qui ont passé la Meuse à Hastière ; le 10e corps tient tête, il est vrai, devant les attaques assez molles de la Garde, et se replie seulement en fin de journée, prêt à contre-attaquer le lendemain ; mais l’effondrement se produit au 3e corps et surtout à la 6e division. Le découragement, la désorganisation, l’embarras des convois refluant, le trouble des choses et des âmes s’exagèrent dans la nuit. La retraite sur Walcourt-Silenrieux est un des épisodes tragiques de cette campagne.

A l’Ouest, le 18e corps est fortement éprouvé dans un engagement qui dure toute la journée. Le groupe des divisions de réserve est venu occuper la position Thirimont-Cousolre.

Il est vrai que l’armée britannique survient juste à temps pour menacer le flanc de l’armée von Kluck. Celle-ci, arrêtée dans son mouvement, se rabat, division par division, sur l’armée de French. Si on les détruisait l’une après l’autre, ce