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c’est-à-dire sur les hauteurs au Sud de la Sambre ; le 3e corps est coupé du 10e corps à sa droite par les troupes ennemies se glissant par le pont d’Auvelais. Ainsi, on perd successivement les ponts de Pont-de-Loup, Tamines, Roselies. Châtelet est occupé par l’ennemi qui s’y barricade.

Les contre-attaques du 3e corps sur Aiseau-Roselies ne sont pas plus heureuses que celles du 10e corps ; dans la nuit du 21, l’ennemi (Xe corps) est maître de la Sambre. Un combat à Anderlues, contre notre corps de cavalerie épuisé, rejette celui-ci au delà de la rivière et menace d’envelopper le 3e corps. Les choses sont gravement compromises pour le général Lanrezac, au moment même où il donnait les ordres pour attaquer le lendemain 22 : tels sont les avantages de l’initiative !

Et cette journée du 21 n’est qu’une épreuve préliminaire. La journée du 22 fut la bataille proprement dite. Bien entendu, le projet du général Lanrezac de déboucher, ce jour-là, au Nord de la Sambre, n’a plus lieu, en raison des événemens ; les ordres qu’il a communiqués aux corps, le 21 au soir, sont périmés. L’ennemi a pris l’initiative et il la garde.

Le 22 est, en somme, une sorte de répétition de la journée du 21. Le 1er corps reste toujours immobile ; les deux corps de flèche, le 10e corps et le 3e corps, portent encore tout le poids de la lutte à laquelle Je 18e corps cependant commence à participer ; nos forces sont jetées à la bataille, comme l’on dit, bûche à bûche. Le reste des forces alliées jusqu’à la gauche n’est pas encore en ligne.

Le matin, le 10e corps attaque avec fureur ; préparation d’artillerie insuffisante ; charges téméraires ; le corps est ramené à partir de 11 heures du matin ; contre-attaque nouvelle des troupes algériennes. Même tactique, même échec. La Garde prussienne subit des pertes énormes ; l’ennemi est contenu ; mais la retraite s’impose et s’accomplit sur une ligne oblique de la Sambre à Mettet.

La journée est toute semblable, mais plus mauvaise encore, au 3e corps. Contre-attaque sur Aiseau-Roselies ; les Allemands (Xe corps de réserve) débouchant de Charleroi, se développent en masses serrées sur l’Ouest et menacent de cerner le 3e corps. Echec de la 6e division. Contre-attaque de la 38e division (troupes algériennes). Corps à corps terribles. A trois heures, le 3e corps est en pleine retraite. Cependant l’ennemi a été très éprouvé ;