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« Le 24 : Bientôt, on nous apprend que la cavalerie anglaise est anéantie et que six divisions anglaises ont été exterminées à leur débarquement du train. »

« Puis, le 25 : Nous prenons connaissance d’un télégramme de l’Empereur qui exprime sa joie sur les marches fabuleuses accomplies par le IIe corps. Les trois derniers jours, nous avons fait environ 130 kilomètres. L’adversaire s’éloigne toujours en arrière ; nous ne le rejoignons pas. On dit qu’une grande victoire vient encore d’être remportée devant nous. On parle de 20 000 prisonniers, de 150 canons pris à l’ennemi. »


Sous la date du vendredi 28, le carnet de route d’un officier d’artillerie qui appartient à l’armée von Kluck, témoigne de l’allégresse générale dans le camp allemand. Alors, s’élèvent ces chants de victoire que l’on entendait du camp français :


« Vers le soir, nous eûmes connaissance des victoires de la IIe armée Bülow : quels sentimens nous prenaient l’âme quand, à la clarté de la lune et des feux de bivouac, toutes les musiques militaires entonnaient l’hymne de reconnaissance répété par plusieurs milliers de voix ! C’était une joie, une allégresse générale, et quand, le lendemain, on se remit en marche, nous croyions presque que nous pourrions fêter Sedan devant Paris... »


On faisait contresigner, en quelque sorte, ces bulletins de la nouvelle « grande armée » par le vieil empereur François- Joseph, adressant à l’empereur Guillaume ce télégramme de félicitations :


« Victoire sur victoire ! Dieu est avec vous et sera aussi avec nous ! Je t’envoie mes plus chaleureuses félicitations, cher ami, à ton cher fils, le kronprinz, le jeune héros, ainsi qu’au kronprinz Rupprecht de Bavière et à l’incomparable vaillante armée allemande. Les mots me manquent pour exprimer ce que mon armée ressent avec moi dans ces jours historiques. Je serre cordialement ta main puissante

« FRANÇOIS-JOSEPH. »


Ainsi, par toutes les voies, se répand et s’impose l’idée de l’importance décisive des combats de la Sambre et de la supériorité absolue des armes allemandes. La presse allemande exulte. Par ses récits enflammés, elle répand, jusqu’aux derniers rangs du peuple et de l’armée, la certitude d’une victoire prompte