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Soudain, le 19 et le 20, on apprend, coup sur coup, la marche en avant des armées allemandes, le passage de puissantes colonnes de toutes armes sur les routes du territoire belge, une invasion formidable s’étendant comme une nappe sur le pays. La résolution prise par le gouvernement belge de ramener son armée à l’abri du camp retranché d’Anvers éclata comme un aveu d’impuissance et le plus impressionnant des présages.

Le 21, on eut la nouvelle de l’échec de nos armées de l’Est en Lorraine. Le communiqué du 21, à minuit, reconnaissait que « nos troupes avaient été ramenées en arrière... » il ajoutait : « L’importance des forces engagées ne nous eût permis de nous maintenir en Lorraine qu’au prix d’une imprudence inutile. »

Eh quoi ! Il y avait donc une puissante offensive allemande sur la frontière lorraine, outre celle qui se produisait par la Belgique ! L’anxiété redoubla. La Belgique était-elle abandonnée ?

Le 22 août, l’opinion était saisie de l’intention du gouvernement français de venir en aide militairement à la Belgique :


La France est résolue à faire tout pour libérer le territoire de son alliée. Elle considère que son devoir n’aura été entièrement accompli que lorsqu’il ne restera plus un soldat allemand en Belgique.


Sous la rhétorique du texte officiel, on entrevoit une espèce de programme militaire :


Il n’a pas été possible, en raison des nécessités stratégiques, de participer plus tôt avec l’armée belge à la défense du pays ; mais les engagemens que nous avons pris n’en sont que plus solennels ; notre coopération n’en sera que plus étroite ; elle se poursuivra avec une extrême énergie. La situation en Belgique reste sensiblement la même ; le mouvement des forces allemandes continue vers l’Ouest, précédé par des forces de cavalerie éclairant dans les directions de Gand d’une part, de la frontière française d’autre part. L’armée belge est prête dans le camp retranché d’Anvers.

La retraite de l’armée belge sous le canon d’Anvers est une opération prévue qui ne porte aucune atteinte à sa valeur ni à son incontestable puissance. Lorsque le moment en sera venu, l’armée belge se trouvera aux côtés de l’armée française, à laquelle les circonstances l’ont étroitement et fraternellement unie.


Ces lignes répondent au mouvement de l’opinion qui ne