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des Puissances alliées. Vous ne devez pas permettre que la voix du Gouvernement provisoire russe reste isolée dans le concert des Puissances alliées. Vous devez amener vos gouvernemens à déclarer d’une façon nette et décisive que la formule de la paix sans annexions ni contributions, sur la base du libre développement des peuples, est aussi leur formule. Par là, vous donnerez le poids et la force d’impulsion nécessaire au geste du Gouvernement russe, vous donnerez à notre armée révolutionnaire, qui a inscrit sur sa bannière : la paix entre les peuples, la certitude que ses sacrifices sanglans ne seront pas abusivement utilisés pour le mal. Vous lui donnerez la possibilité de remplir avec toute la ferveur de l’enthousiasme révolutionnaire les sacrifices militaires qui lui incombent. Vous la fortifierez dans sa foi en ce que, luttant pour défendre les conquêtes de la révolution et notre liberté, elle combat en même temps pour les intérêts de la démocratie internationale, et, par cela, contribue au plus rapide établissement de la paix désirée par tous. Vous mettrez les gouvernemens des pays ennemis en présence du dilemme inéluctable de renoncer avec la même fermeté à la. politique de conquêtes, de dépouillement et de violence, ou bien d’avouer ouvertement leurs crimes et, par là, déchaîner sur leur propre tête la juste colère de leurs peuples.

« La démocratie révolutionnaire russe s’adresse à vous aussi, socialistes de l’Austro-Allemagne. Vous ne sauriez admettre que vos gouvernemens deviennent les bourreaux de la liberté russe ; vous ne pouvez souffrir que, profitant de l’ivresse joyeuse de la liberté et de la fraternité qui s’est emparée de l’âme russe révolutionnaire, vos gouvernemens rejettent leurs armées sur le front occidental pour détruire d’abord la France et ensuite se précipiter sur la Russie et, finalement, vous étouffer vous-mêmes et tout le prolétariat international dans l’étau de l’impérialisme universel [1]. »

Quinze jours se sont passés. Ce second Appel, pas plus que celui du 14/27 mars, n’a encore reçu aucune réponse des socialistes austro-allemands. La grande erreur des révolutionnaires russes, c’est de prêter à leurs ennemis la noblesse d’âme et la sincérité dont ils sont eux-mêmes animés.

  1. Suit un appel aux socialistes neutres et une invitation à une Conférence internationale à laquelle prendraient part tous les travailleurs des pays belligérans et neutres,