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EN AMÉRIQUE

AVEC
M. VIVIANI ET LE MARÉCHAL JOFFRE


Hampton Roads, 24 avril.

Très tard, vers onze heures, les contre-torpilleurs américains envoyés au-devant de la mission française ont, à cent milles en mer, rencontré l’Amiral-Aube et la Lorraine. De part et d’autre, échange de signaux. Puis Américains et Français marchent ensemble, tous feux éteints, par une nuit noire ; seul un trait de lumière s’allume où l’hélice bat dans la phosphorescence du sillage. Au point du jour, apparaît, au rendez-vous fixé, le croiseur d’escorte. À bord de la Lorraine, la vie s’éveille. Le fin paquebot a gardé sa vitesse, supérieure à celle du vaisseau d’ancien type qui le protège en le retardant ; mais il a perdu son ancien vernis de coquette élégance.

Après huit jours d’une traversée qui, pour n’être pas sans périls, resta du moins sans incidens, par une route presque déserte, les membres de la mission, le maréchal Joffre, M. Viviani, l’amiral Chocheprat, le marquis de Chambrun, impatiens de contempler la terre, montent peu à peu sur le pont. Il est cinq heures du matin quand, à l’entrée de la baie de Chesapeake, Hampton Roads ouvre sa rade. Sur la paisible