Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/534

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont dû abandonner Dixmude et le 32e corps reculer devant des forces supérieures, derrière le canal. Langemarck, Poelcappelle sont également attaqués.

Sans se déconcerter, Foch poursuit son idée de rectification de son front : il compte engager la 11e division (du 20e corps) au Sud-Est d’Ypres pour progresser sur la ligne Hollebeke-Messines. Mais il n’en a pas le temps : l’attaque allemande, — la suprême attaque, — se déclenche.

Une nouvelle division de la Garde a été, secrètement et très rapidement, transportée de la région d’Arras. On escompte ainsi un effet décisif ; l’Empereur a fait savoir — d’un peu loin — à ses fidèles soldats qu’il compte sur eux pour réussir là où les autres ont échoué. On espère enfoncer le front anglais.

L’assaut parut cependant se produire, très violent, surtout à notre gauche. Le canal, tenu par la 38e division, est attaqué par des forces supérieures : l’ennemi le franchit devant Poesele. La bataille continue le 11 sur Drie Grachten ; l’ennemi s’insinue sur la digue entre Poesele et Drie.

Mais ce n’est qu’une diversion : la véritable offensive est — toujours — sur le front tout voisin d’Ypres. Le général Lanquetot, très violemment assailli le 10, entre Hollebeke et Saint-Eloi, a dû céder du terrain. On cède devant Wytschaete, on cède devant la ferme Hollande. On constate à ces fléchissemens combien nos troupes sont maintenant fatiguées.

L’attaque se produisait plus violente encore peut-être sur la ligne anglaise où « le général Haig tenait son front avec une merveilleuse opiniâtreté. » Ce front cependant fléchit encore le 12 à Broodsinde et au Nord-Ouest de Kapellerie. Mais Foch obtenait de nouveaux renforts du grand quartier général : il en étayait les Anglais. « Le général Foch, écrira le maréchal, a fait les plus extraordinaires efforts pour apporter tout le soutien qu’il lui était possible d’apporter.

Ce furent d’âpres luttes, où l’ennemi — particulièrement la Garde — dut être durement éprouvé. Si on avait cédé, ç’avait été après de tels combats qu’ils brisaient le grand effort adverse. Les régimens de la Garde engagés — 1er et 2e régiments à pied, le régiment Kaiser Franz, le régiment Königin Augusta — avaient été, au Nord de Gheluvelt et entre Zonnebekeet Passchendaele, si étrillés, qu’ils en restaient pantelans. Par ailleurs, tel régiment — le 19e de réserve, du Ve corps de réserve — avait été,