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dans la région de Clerkem-Woumen des corps allemands qui seraient bien utiles au Sud. On aimerait retracer avec plus de détails cette bataille acharnée d’entre Yser et Ypres où, avec une opiniâtreté inlassable, Humbert continue, recommence, s’entête : la 42e division en particulier y conquérait une gloire qu’elle n’a fait qu’augmenter depuis. Ses soldats trouvaient des émules dans les fusiliers marins qui, au dernier degré de la fatigue, tiendront bon avec leurs « moricauds » (les Sénégalais) jusqu’au 10, jour où se jetant sur Dixmude avec des forces dix fois supérieures, les Allemands repousseront enfin sur la rive gauche ces marins épiques et leur chef qui, tout frémissant encore, mais plein de sang-froid, ne se retirera qu’en coupant derrière lui les ponts et en transportant sur l’autre rive la même défense, fortifiée de la même vertu.

Du 5 au 10, de ce Dixmude, désormais immortel, amas de ruines lorsque les Allemands s’en emparent, au château de Woumen contre lequel s’acharne la 42e et aux abords de Bixschoote où Mitry mène sa bataille, les troupes du Nord remplissent leur mission : elles occupent l’ennemi.

Cependant, au Sud, la première bataille d’Ypres se terminait.

Le 3, c’était, à l’aile droite de la bataille, le général Mazel, à la tête d’un nouveau détachement (1re brigade de. cavalerie, de l’artillerie et les cyclistes des 1re et 2e divisions de cavalerie) qui se battait avec acharnement à droite du 16e corps dans la direction de Garde-Dieu-Comines et sur la croupe de l’Enfer, — combats d’une âpreté singulière, — attaques, contre-attaques autour de Wytschaete, que reprend enfin la 13e division. Sur le front anglais, on cède, on reprend du terrain, mais, dans l’un ou l’autre cas, on inflige à l’Allemand des pertes dont on voit bientôt les effets. Car, même en engageant toutes ses réserves l’adversaire montre une fatigue croissante. La bataille, en quelque sorte, s’affaisse. Sur certains points, il y a encore de violens corps à corps, mais il semble bien que le grand coup lente sur Ypres a échoué.

Le 5, l’empereur Guillaume II, déçu, quitte les Flandres, et la presse allemande affirme que jamais on n’a pensé aller à Calais.

Le général Joffre est donc autorisé à envoyer au général Foch de chaudes félicitations : « Les opérations entreprises