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violence insolite à son centre, le point principal de l’engagement étant à la croisée des routes, à un mille à l’Est de Gheluvelt. L’Anglais tient d’abord bon. Devant une deuxième attaque, la ligne anglaise doit ensuite reculer sur Reutel-Gheluvelt, perdant 400 prisonniers et cinq mitrailleuses. Avec cette magnifique ténacité, qualité maîtresse de l’Anglais, le général Haig fait contre-attaquer et regagne le terrain perdu, mais au prix de pertes cruelles. Le soir, la ligne passait à un kilomètre de Zonnebeke et à deux au Sud-Est de Gheluvelt et Kruiseik.

Au début de la matinée du 30, les Anglais, assaillis dans la direction de Zandvoorde par le détachement d’armée Fabek, furent refoulés au Nord-Est de Becelaere, tandis qu’à leur droite leur corps de cavalerie, sous la forte pression du 11e corps bavarois, cédait du terrain au Sud-Ouest d’Hollebeke et vers Saint-Éloi. Le général Haig était donc menacé d’être débordé sur ses deux ailes. La division Rawlinson, découverte par la retraite de la 3e division de cavalerie, livrait aux Allemands la crête de Zandvoorde et la situation paraissait au général Haig fort « sérieuse. »

Cependant, les troupes françaises rencontraient dans la poursuite de leur offensive la plus vive résistance.

Le général Humbert n’en progressait pas moins vers Merkem à gauche, mais, ayant franchi le canal, il était arrêté sans pouvoir en déboucher. Mitry, au centre, engagé dans un dur combat, n’avançait pas : vers treize heures, une forte attaque allemande sur Bixschoote-Steenstraete ramenait les cavaliers de la 5e division qui, d’ailleurs, une heure après, reprenait le terrain perdu. Quant au 9e corps (Dubois), il était, lui aussi, en butte aux plus violentes attaques : la 18e division en repoussait une, particulièrement forte, à Drogenogkart, progressait difficilement sur Kreiberg et, par ses 77e et 139e régimens d’infanterie, brisait un nouvel assaut à la baïonnette des troupes allemandes. La 17e division, arrêtée toute la journée par de durs combats, s’emparait cependant, vers la fin du jour, de la ferme Walemolen.

C’est alors que le général Dubois, avisé de la situation scabreuse des Anglais qui venaient de perdre Hollebeke, prit sur lui de leur envoyer incontinent trois bataillons de zouaves de sa réserve qui furent dirigés sur Hooge et Hollebeke. Le général Haig, à chaque heure plus pressé, opposait d’ailleurs