Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/520

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il en résultait quelque lenteur dans leur marche. En cas de repli force, ces inconvéniens prendraient une gravité particulière : ils nous exposaient à un désastre.

C’est bien pourquoi le général Foch et le maréchal French avaient désiré porter la bataille plus avant, et on sait qu’ils s’y essayaient lorsque l’assaut allemand se produisit. La bataille d’Ypres est ainsi une véritable bataille de rencontre : deux offensives s’y allaient heurter et presque neutraliser. Le 28, le général d’Urbal avait prescrit à tous ses corps d’imprimer à l’offensive une activité plus grande. À gauche, Humbert, maintenant, de concert avec les Belges, l’intégrité du front Nieuport-Dixmude, attaquerait, par ailleurs, avec son 38e corps, dans la direction générale Clerkem-Zarren-Thourout. Au centre, Mitry ayant sous ses ordres ses deux divisions de cavalerie et la 87e division territoriale, partant du front Woumen-Langemarck, les jetterait sur Mangelaere et Bultehock pour refouler l’ennemi vers la forêt d’Houthulst. À droite, Dubois, disposant non seulement de tout son 9e corps, mais de la 31e division et des 6e et 7e divisions de cavalerie, devait poursuivre l’offensive sur Staden et Roulers dans les mêmes conditions que précédemment. À notre droite, l’armée anglaise conservait sa mission offensive sur Courtrai par Menin.

Les Allemands, cependant, poussaient. Les deux masses allaient se précipiter l’une sur l’autre ; mais ce sont les Anglais qui, particulièrement assaillis, supporteront le choc dont les Allemands attendent la percée. La nécessité de secourir nos alliés ébranlés forcera le commandement français à prélever sur ses forces les troupes qui permettront de rétablir la situation et, de ce fait, il devra arrêter en partie sa propre offensive. Ce sera le mérite des grands chefs français d’avoir su sacrifier à l’intérêt général des succès qui, l’armée anglaise enfoncée, eussent été d’ailleurs sans lendemain.

L’action commence dans la matinée du 29 par l’attaque de la 1re brigade de dragons sur Bixschoote et le cabaret de Korteker que l’ennemi abandonne en laissant 400 morts et blessés. Les troupes du général Dubois, plus à droite, arrivent près de Walmoden et, à gauche, la 38e division (du corps Humbert), franchissant l’Yser à Steenstraete et Nordschoote, atteint par sa gauche les abords de Luyghem. Tout va bien.

Mais, à l’aube, le 1er corps anglais a été attaqué avec une