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18e division se dirigeait sur Moorslede. Si aucun de ces objectifs, à la vérité, n’était atteint, tous étaient, le 27, approchés, tandis qu’à la gauche du 9e corps, le général de Mitry s’emparait de la ferme de Grundwalt, à 500 mètres au Nord de Langemarck.

De son côté, le maréchal French, qui s’était rendu au quartier général de sir Douglas Haig sous les ordres de qui il mettait la division Rawlinson, réglait la marche de la façon suivante : cette division du château de Zandvoorde à la route de Menin, la 1re division de cette route à l’Ouest de Reutel, la 2e près de la route Moorslede-Zonnebeke. Les Anglais progressaient d’un kilomètre dans la direction de Becelaere et occupaient le bois au Nord de cette localité, mais la division Rawlinson soudain se trouva arrêtée, refoulée ; elle perdait Kruiseik.

Et on allait voir s’arrêter partout notre progression, puis l’armée anglaise brusquement attaquée fléchir un instant.

Les Allemands exaspérés venaient de prendre de grandes résolutions.


XI — L’ASSAUT ALLEMAND. 27 OCTOBRE-31 OCTOBRE

« Soldats, le monde entier a les yeux fixés sur vous. Il s’agit maintenant de ne pas laisser le combat contre notre ennemi le plus détesté et de rompre définitivement son orgueil... Le coup décisif reste à frapper... » C’est du quartier général de Douai que, le 26, le prince Ruprecht adresse à ses troupes ces grandiloquentes paroles. Le général von Deimling, cependant, croyait devoir, par des argumens moins élevés, mais plus violens encore, relever le courage des hommes du XVe corps : « La percée d’Ypres serait d’une importance décisive, » mais en outre, elle serait facile, car on n’avait à attaquer que « des Anglais, des Hindous, des Canadiens, des Marocains et autres racailles de cette sorte » (le Français étant prudemment passé sous silence). Ces ennemis étaient « mous » (il y paraissait peu) et se « rendaient en grande quantité partout où ils étaient attaqués avec vigueur. » Ainsi le soldat allemand était excité à « étonner le monde » et rassuré sur le peu de résistance que lui offrirait la « racaille » ennemie. Et partout courait la nouvelle que, la prise d’Ypres étant certaine. Sa Majesté viendrait en personne assister à l’opération.