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En attendant l’arrivée du 9e corps, le groupe territorial tenait solidement la ligne Pilkem-Zillebeke, avec une avancée sur Langemarck ; le 21 au soir, la ligne alliée du Sud passait donc de Dixmude par Bixschoote (où était Mitry), Zonnebeke, Gheluvelt, Zandvoorde, Messines, Frelinghien. Les renseignemens commençaient à se préciser sur l’adversaire que nous y affrontions : c’étaient, du Nord au Sud, le IIIe, le XXIIe le XXVIIe corps sur le seul front Dixmude-Gheluvelt, et c’étaient, au Sud de Gheluvelt, le XIXe relié au XXVIIe par des divisions de cavalerie. Sur le front Zandvoorde-Houthem se trouvaient quatre divisions de cavalerie (2e, 3e, 7e et une bavaroise), au Nord du bois de Ploegsteers le Ier corps de cavalerie (4e division de cavalerie et cavalerie de la Garde) ; le XXIIIe corps de réserve s’avançait de Thielt sur Roulers.

L’ennemi attaquait donc avec des forces énormes le 22, jour où le 1er corps anglais eut à repousser plusieurs assauts : les Allemands pénétrèrent dans la ligne au Nord de Pilkem, tenue par le régiment Cameron Highlanders ; mais, le 23, une contre-attaque, exécutée par le régiment de la Reine, le régiment de Northampton et le régiment de King Royal Rifles, aboutissait, après une journée laborieuse, à la reprise des positions perdues. Ce même jour (23), une attaque allemande, qui paraissait « déterminée », vint, devant Langemarck, se briser contre la résistance anglaise, avec des pertes assez cruelles, puisque plus de 1 500 cadavres furent trouvés sur le terrain.

C’est à ce moment que paraissaient sur le champ de bataille les premières troupes du 9e corps français (général Dubois), venant relover sur ses positions la 2e division du général Haig. La veille au soir, Foch avait fait savoir au maréchal qu’il allait faire attaquer par le général d’Urbal sur Roulers, Thourout et Ghistelles : il semblait grandement désirable que toute l’armée anglaise appuyât cette offensive en agissant offensivement sur tout son front, sa gauche marchant sur Courtrai.

Cette reprise d’offensive était opportune : à cette heure, en effet, les Allemands montraient une certaine inquiétude, les munitions manquaient. « Dernières munitions canon 900 Lille pour toutes les divisions de cavalerie, télégraphiait-on de la VIe armée à la cavalerie de la Garde. Epargner ! » Et à Marvitz ; le prince Ruprecht adressait un autre message inspiré de la même inquiétude : « Les corps d’armée n’avancent que lentement. »