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par l’attaque des Allemands sur l’Yser et la parade qu’il y fallait opposer, n’avait pas cessé de se développer au Sud, et les constans progrès des Anglais du 20 au 26 n’avaient pas été sans inquiéter très vivement nos ennemis. Ceux-ci verront avec inquiétude se prolonger une bataille où, leurs aveux nous le révéleront, s’épuisent leurs munitions et se lasse le moral de leurs troupes. Ils voudront en finir les 30 et 31 octobre.

Le général Foch, nous le savons, n’avait à aucun moment renoncé à l’offensive primitivement projetée, et le maréchal French, maintenant que toutes ses forces se trouvaient en ligne, était d’accord avec lui pour l’entreprendre. Le général d’Urbal, d’accord avec eux, ne voyait dans les événemens de l’Yser qu’un motif de plus, en poursuivant l’offensive entre Dixmude et Langemarck, de forcer l’ennemi à la défensive ; le général Haig, maintenant installé à Ypres, était disposé à le seconder.

Nous avons vu que, le 20, l’armée anglaise, tout entière en ligne, occupait, des environs de Lens à ceux d’Ypres, un front séparé en deux par la Lys. Le 2e corps, rappelons-le, étant tout entier en Artois, le 3e était à cheval sur la Lys et le 1er autour d’Ypres, tandis qu’à sa gauche la 7e division (Rawlinson), encore indépendante, couvrait le Nord-Est de cette ville. Prolongeant l’armée anglaise, face à la ligne Langemarck (Nord-Est d’Ypres)-Woumen (Sud de Dixmude), le 2e corps de cavalerie français du général de Mitry et les deux divisions territoriales, en attendant la prochaine entrée en scène sur ce théâtre du 9e corps français et le glissement vers le Sud de la 42e division, constituaient une liaison d’abord un peu précaire, ensuite très solide, entre Anglais et Belges.

Dans la soirée du 19, French avait eu, rapporte-t-il, avec sir Douglas Haig une conférence où il lui avait défini son rôle : le commandant du 1er corps devait appuyer à gauche, de façon à diriger son offensive sur Thourout en passant par Ypres. Le maréchal ne dissimule pas qu’il soumit à son lieutenant un plus vaste dessein qui ne visait à rien de moins que de « s’emparer de Bruges et ensuite, si possible, de chasser l’ennemi de Gand. » « Dans le cas où une situation imprévue viendrait à se produire, ou si l’ennemi était plus fort qu’on ne l’avait cru (ce fut le cas), le général Haig devait décider, suivant la situation, après avoir passé Ypres, d’attaquer, ou bien l’ennemi qui se trouvait au Nord, ou bien les forces allemandes venant de l’Est. « La cavalerie