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L’ALSACE-LORRAINE
À
LA VEILLE DE LA DÉLIVRANCE


On ne saurait trop le répéter, la Prusse, partie de rien, est arrivée, en deux siècles, à occuper le premier rang parmi les grandes puissances uniquement par l’affirmation de la force brutale. C’est par droit de conquête qu’elle a procédé à tous ses agrandissemens territoriaux. Silésie et Posnanie, provinces du Rhin et Hanovre, Sleswig-Holstein et Alsace-Lorraine, autant de territoires arrachés par les armes à leurs légitimes propriétaires. L’hégémonie prussienne en Allemagne fut elle-même la conséquence d’une guerre heureuse. Aucune province, aucun État ne s’est donné librement à la Prusse. Partout les Hohenzollern ont dû en appeler au droit du plus fort pour établir leur domination.

Or, la Prusse, après une longue et minutieuse préparation, pensait pouvoir, en 1914, consommer son œuvre d’accaparement progressif de la richesse mondiale. L’entreprise n’a heureusement pas donné les résultats attendus. Bien mieux, la politique agressive des annexeurs professionnels a provoqué une réaction générale. Parce que le chancelier de l’empire avait proclamé que les traités n’étaient, à son appréciation, que « des chiffons de papier ; » parce qu’il avait dit que « nécessité ne connaît pas de loi, » l’Angleterre s’est jetée dans la mêlée, et parce que l’Allemagne, violant toutes les conventions internationales, a déchaîné la guerre sous-marine sans merci, les États-Unis, res-